vendredi 25 novembre 2011

Ils nous veulent toujours plus esclaves.


Le monde diplomatique du mois de novembre 2011 nous apprend que, pour travailler dans les abattoirs bretons, des travailleurs polonais, roumains, slovaques et tchèques prennent le relais des africains arrivés il y a vingt ans.

Si le phénomène dure depuis si longtemps, si même les africains ne satisfont plus l’employeur c’est qu’il existe un réel problème.

Le relatif faible taux de chomage pourrait expliquer cette situation : 2 points de moins que la moyenne nationale. Si ce n’est qu’il existe une explication plus cruelle sur la baisse du taux de chomage qui s’explique par la désertification continue de ces zones rurales que les jeunes fuient dès qu’ils en ont l’occasion. Et la perspective d’aller travailler dans les abattoirs ne saurait les retenir au pays.

Il y a d’abord les conditions de travail qui ne sont pas encourageantes.

Sur ce point tous semblent s’accorder. Le maire de Lamballe qui affirme qu’On est vraiment dans une situation de ville ouvrière avec tout ce que cela veut dire en termes de dureté de travail. Le directeur de la Cooperl qui confirme que Nous souffrons de la mauvaise image du travail dans les abattoirs. Les syndicats déplorent que Des entreprises comme la Cooperl ou Kermené, ça mange les hommes…Ce sont des métiers très durs et de moins en moins bien payés…

A cela, il faut ajouter le milieu humide et froid dans lequel travaillent ces salariés, sans parler des odeurs, du sang omni présent, du bruit et de la mort animale qui ne peut laisser indifférents les plus blasés. Une véritable industrie de la mort dont le but est de réduire, chaque jour, en cadavres des milliers de poulets, bœufs ou porcs.

Comme si cela ne suffisait pas, chaque poste consiste souvent dans un unique geste répétitif qui engendre inévitablement des troubles musculo squelettiques qui rendent inaptes au travail des individus de 40 ans.

Pour couronner le tout, bien souvent le travailleur est soumis à un règlement intérieur strict qui, par exemple, lui interdit de se rendre aux toilettes en dehors des pauses prévues, sous peine de sanctions.

Les réponses.

Face à tous ces inconvénients qui rebutent les plus courageux, on aurait pu s’attendre à des améliorations dans le but de rendre un peu plus attractifs ces emplois.

La seule réponse a consisté à chercher des salariés qui acceptent de se soumettre aux conditions de travail imposées par les employeurs. Dans un premier temps, c’est vers l’Afrique que les employeurs se sont tournés. Un immense vivier de désoeuvrés prêts à tout pour des salaires mirobolants vu d’Afrique. C’est ainsi que des villages bretons ont vu débarquer des escouades de travailleurs qui ne passaient pas inaperçus tout en étant bien acceptés dans la mesure où ils permettaient aux travailleurs locaux d’échapper aux taches les plus ingrates tout en maintenant une industrie locale.

Pour les employeurs, c’était tout boni. Des travailleurs jeunes, célibataires, sélectionnés pour leurs qualités physiques, et tellement heureux de se retrouver avec des salaires inespérés dans leur pays qu’ils se pliaient à toutes les contraintes sans rechigner.

Mais pour les employeurs, ce n’était pas suffisant. Même si il s’agissait de travailleurs africains, le code du travail obligeait les employeurs à respecter les minima sociaux et autres carcans insupportables aux yeux de patrons avides de salariés encore plus exploitables.

Une nouvelle traite européenne.

Avec l’ouverture de l’Europe aux pays de l’Est, c’est tout un eldorado qui s’ouvrait pour les employeurs.

Nous travaillons déjà avec quinze sociétés d’intérim françaises, et cela ne suffit pas se plaint le directeur d’une coopérative.

D’une part on peut se demander pourquoi recourir à l’intérim dans un secteur d’activité dont les emplois sont permanents par essence et la légalité d’une telle pratique. Mais d’un autre coté, on est obligé de constater qu’une loi européenne sur le « détachement des travailleurs » permet aux entreprises d’appliquer la réglementation en vigueur dans le pays d’origine. Un principe qui avait inspiré la directive Bolkestein et que l’on croyait abandonné à tout jamais mais que la Cour de Justice des Communautés Européennes (CJCE) a en réalité rétabli au nom des « Libertés fondamentales » que sont la liberté d’établissement et la libre prestation de services.

C’est en s’appuyant sur ces « libertés » que les abattoirs bretons peuvent employer des salariés détachés qui sont soumis aux conventions du pays d’origine. Des charges diminuées pour l’abattoir et une nouvelle forme de traite à l’intérieur de l’espace européen.

Des entreprises étrangères utilisent au mieux, ces nouvelles situations avec la création d’entreprises d’intérim qui fournissent, à la demande, les entreprises françaises et européennes.

Arcforce est l’une d’entre elles, capable de fournir sous trente jours le travailleur correspondant au profil désiré et assurant que Le client – la société utilisatrice – n’a aucune démarche administrative à faire, ni charge sociale à payer.

Un rêve de patron !!!

Avec des conséquences étonnantes.

C’est sur le même site d’Arcforce que l’on peut lire cette information : À la fin de l'année 2008, les statistiques concernant le marché du travail roumain ont donné quelques nouvelles intrigantes. Ces chiffres ont révélé qu’un quart de la population roumaine active travaille à l'étranger, y inclus la France.

Toujours dans l’article du Monde Diplomatique de novembre 2011, on peut lire que Actuellement en Allemagne où, faute de salaire minimum obligatoire, les travailleurs de l’Est prétendument « détachés » constituent l’essentiel de la main-d’œuvre des abattoirs (payés entre 3 et 7 euros de l’heure…).

Nous savons ce qui nous attend.

Une régression sociale

Ce comportement des employeurs se rapproche beaucoup de la situation dans les caraibes au lendemain de l’abolition de l’esclavage. On peut lire dans le livre de Nelly Schmidt, éditions Perrin, 2009, La France a-t-elle aboli l'esclavage cet extrait : De plus, pour cultiver la canne et faire fonctionner les usines, il faut beaucoup de main d'œuvre que les planteurs cherchent à payer le moins possible. Ils vont donc recruter cette main-d'œuvre en Afrique, en Inde, en Chine parmi les classes les plus pauvres. Les salaires versés sont 4 fois inférieurs à ceux que perçoivent les nouveaux libres de 1848 ! Ceci provoque l'apparition du sous-emploi et du chômage dès 1848-1854.

Un comportement identique qui ne saurait avoir que des résultats identiques.

Actuellement nous assistons à un phénomène d’appauvrissement délibéré de la population, de réduction des salaires, de suppression de tous les avantages sociaux jusqu’à des conditions économiques qui n’auront plus rien à envier à l’esclavage d’autrefois. Avec comme seule alternative le chomage, la mendicité, les soupes populaires…

Et dire que nous disposons dans notre Constitution du droit d’obtenir un emploi !!! Pourquoi nos politiques renoncent-ils à rendre effectif ce droit constitutionnel ?

Si les pouvoirs publics étaient contraints de limiter le volant de chomage à un strict minimum, de proposer un emploi décent à tout chomeur au-delà d’une durée déterminée, peut être que…

On peut espérer !

lundi 14 novembre 2011

Compte rendu d'audience du 28 septembre 2011

On peut s’interroger sur l’état de notre justice.

Ne serait ce que dans la forme…où la juge chargée de prononcer mon jugement essayait de rendre compréhensibles les notes qui étaient griffonnées sur des bouts de papier. Encore heureux qu’elle ait cru utile de prolonger de 15 jours le premier délibéré d’un mois. A tel point que je ne pourrais prendre connaissance d’une version écrite que dans un délai de 2 mois. A rapprocher du délai de 10 jours pour faire appel.

Notre justice au quotidien !!!

Lorsque la juge a évoqué un incident d’audience, j’ai tout de suite pensé au moment du procès où j’avais soulevé l’abrogation de l’article sur lequel reposait l’accusation. Ce qui m’avait valu l’unanimité de tous contre moi…A commencer par la procureur qui avait ironisé sur la pauvreté de ma défense qui en était réduite à inventer de supposées abrogations, que je prenais mes désirs pour la réalité. Et tous de brandir leur dalloz où l’article figurait noir sur blanc. J’avais répondu qu’il s’agissait d’une abrogation récente. A quoi Me Lemonnier, avocat de Pole Emploi, avait cru malin de répondre : « Désolé, je n’ai pas encore le Dalloz 2012 ». Tout le monde avait bien ri. Il est vrai que, tellement persuadé que la justice tenait à jour l’évolution du droit, je n’avais pas cru utile de faire une copie de cette abrogation.

Face au tollé général, j’avais opté pour une stratégie de repli…préférant passer pour un incompétent.

Ce n’était pas de cet incident que la juge voulait faire état mais de ma demande de la comparution forcée de mes témoins qu’elle estimait non justifiée. Le contraire eut été étonnant dans la mesure où cela aurait annulé l’audience du 28 septembre mais n’en demeure pas moins contraire à la jurisprudence de la Cour de cassation et à la CEDH.

Concernant les questions de fond, c’est sans surprise que le tribunal me condamnait à 400 euros d’amende avec sursis. Ce qui est plus surprenant et confirmait l’abrogation de l’article qui me valait d’être poursuivi, c’est après requalification de l’infraction que j’étais condamné et qui portait maintenant sur l’infraction d’inscription sur façade en lieu de la destruction, la dégradation ou la détérioration d'un bien…destiné à l'utilité ou à la décoration publiques et appartient à une personne publique ou chargée d'une mission de service public…Infraction abrogée par la LOI n°2011-267 du 14 mars 2011 - art. 66. Une requalification sur laquelle je n’avais pu m’exprimer et qui rend illégal ce jugement mais permet au pouvoir de ne pas perdre la face.

Concernant Pole Emploi, c’est sur le contenu même de mon inscription que le tribunal justifie la recevabilité de sa constitution de partie civile, considérant que Pole Emploi, si l’on s’en tient à l’article 2 CPP, avait personnellement souffert du dommage causé par l’infraction, à savoir un tag qui disait ALINEA 5 un EMPLOI pour CHACUN. En suivant un tel raisonnement, on se demande pourquoi tous les maires n’ont pas encore porté plainte pour devoir supporter la devise « LIBERTE EGALITE FRATERNITE » inscrite sur leurs mairies.

En reconnaissant que Pole Emploi n’avait pas qualité pour se substituer au propriétaire, le tribunal aurait du aussi reconnaître qu’il n’avait pas non plus qualité pour engager les travaux pour effacer l’inscription. Cependant le tribunal me condamne à verser à Pole Emploi 481,39 euros augmentés de 500 euros.

Ce que je regrette le plus dans ce jugement, c’est qu’en niant l’état de nécessité dans lequel je me trouvais du fait d’être privé d’un droit fondamental, le tribunal considère que le droit d’obtenir un emploi ne saurait être qu’un droit virtuel.

Un tel jugement ne peut me satisfaire. D’une part il s’inscrit dans la volonté du pouvoir de sanctionner tous ceux qui se réclament du droit constitutionnel d’obtenir un emploi et d’autre part il entérine la destruction systématique des droits issus du Conseil National de la Résistance.

C’est la raison pour laquelle j’ai fait appel du jugement.

jeudi 13 octobre 2011

Mon initiative devant la Cour d'Appel de Paris pour inciter les partis politiques à rendre effectif le droit constitutionnel d'obtenir un emploi.



Si je me suis limité au Parti Socialiste, c'est parce qu'il est le principal parti de gauche (susceptible d'être sensible à cette cause) et que mes moyens financiers m'empêchaient de faire la même démarche vis à vis de tous les partis ayant des élus nationaux.

Depuis le 2 juillet 2010, bien que régulièrement saisi, le Parti Socialiste n'a toujours pas réagi.


BOUTHEMY jean claude

Contre

PARTI SOCIALISTE FRANÇAIS

COUR D’APPEL DE PARIS

CONCLUSIONS

___________________________________________________________________________

PLAISE A LA COUR

Statuant sur l’appel d’un jugement rendu le 16 février 2010 par le Tribunal d’Instance du 7eme arrondissement de Paris.

Historique

Le 14 avril 2008, je m’étais présenté au siège du Parti Socialiste. J’avais rencontré Monsieur Olivier POISSON à qui j’avais exposé mes différentes démarches pour rendre effectif mon droit constitutionnel d’obtenir un emploi. J’avais remis copie de l’arrêt de la Cour Administrative d’Appel de Nantes qui en l’absence de précision suffisante du texte constitutionnel ne pouvait donner suite à mes demandes.

J’avais demandé au Parti Socialiste, en tant que représentant du peuple français par ses élus et en tant que législateur de faire le nécessaire pour permettre à chacun de bénéficier de ce droit constitutionnel. Il me semblait que le minimum que j’étais en droit d’attendre du PS, c’était d’interpeller le gouvernement sur les démarches qu’il comptait faire pour apporter aux juges administratifs les précisions suffisantes.

C'est le lendemain par téléphone que j'ai appris le résultat de ma démarche qui aurait été discutée en commission ad-hoc. Le Parti Socialiste n'entendait pas donner suite dans le souci de ne pas porter préjudice à la compétitivité des entreprises françaises.

C’est le 17 Juillet 2009 que j’assignais le Parti Socialiste devant le Tribunal d’instance de Fougères à l’audience 10 septembre 2009.

A l’audience personne ne s’était présenté pour représenter le Parti Socialiste.

Par jugement du 19 novembre 2009, le tribunal se déclarait incompétent au profit du tribunal d’instance du 7e arrondissement.

L’audience devant le Tribunal d’instance du 7e arrondissement de Paris eut lieu le 26 janvier 2010.

J’y développais l’obligation pour chaque parti et chaque élu qui tirent leur pouvoir de la Constitution de tout mettre en oeuvre pour la défendre et faire en sorte que chaque citoyen puisse bénéficier de chacun des droits contenus dans cette Constitution???

Comme réparation de mon préjudice moral, je demandais la somme de 5000 Euros.

Par jugement du 16 février 2010, j’étais débouté de mes demandes au motif qu’il n’était pas établi que le Parti Socialiste aurait manqué à une obligation pesant sur lui.

En date du 4 mars 2010, sur ma demande, la SCP MOREAU déclarait appel de cette décision.

Discussion

Ce que je conteste dans la décision de première instance ce sont les réponses apportées par la justice à des questions que j’estime importantes pour tous les travailleurs.

D’une part sur la portée du droit Constitutionnel inscrit à l’alinéa 5 du Préambule de la Constitution, fondamental pour les plus pauvres d’entre nous mais dont les pouvoirs publics ne tiennent aucun compte, comme si ce droit n’avait jamais été voulu par le législateur et que la justice considère comme un privilège accessible au plus grand nombre. Je conteste cette interprétation d’un droit constitutionnel qui serait réduit à l’état de droit virtuel.

D’autre part sur les obligations attachées aux partis politiques pour permettre à chaque citoyen de bénéficier de l’ensemble des droits octroyés par la Constitution en utilisant les moyens exclusifs que la Constitution octroie au législateur dans le rôle de représentant du peuple. Si on ne saurait rendre comptables les partis politiques de la privation de droits subis par une partie des citoyens, sont-ils pour autant exonérés de toute responsabilité lorsqu’ils refusent d’apporter leur concours pour rendre effectif un tel droit constitutionnel ?

Le droit d’obtenir un emploi.

Un droit Constitutionnel

C’est l’alinéa 5 du Préambule de la Constitution qui l’annonce : Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi.

A partir du moment où le terme Obtenir est défini par le dictionnaire comme Parvenir à se faire accorder ce que l’on désire, on n’imagine pas que cela corresponde à la galère imposée à tout demandeur d’emploi.

C’est en application de ce principe que la nation a pu intégrer, dans un contexte autrement plus difficile que le contexte actuel, les 2 millions de personnes qui en 1945 sont revenues des camps de déportations, des camps de prisonniers de guerre ou du travail obligatoire.

C’est ce même principe qui a permis, dans les années 1960, que tous ceux qui étaient chassés des anciennes colonies d’Afrique ou d’Asie ont pu surmonter leur traumatisme.

C’est un principe fondamental dans la mesure où il permet, à celui qui ne bénéficie pas de fortune personnelle ou des relations susceptibles de l’aider, de s’insérer dans la société française et de pouvoir bénéficier, grace à son revenu, de tous les autres droits inscrits dans la Constitution.

Face à la réalité du chomage qui rouche plus de 4 millions de nos concitoyens, nous sommes obligés de constater que nous sommes loin de ce principe constitutionnel.

Combien l’individu se sent impuissant lorsqu’il constate que pour un concours de 200 postes, il se retrouve en concurrence avec 40 000 autres candidats qui ont tous les qualifications requises pour occuper ces emplois, à savoir Bac+2.

Un droit indispensable pour vivre décemment et bénéficier de tous les autres droits

Et pourtant, dans un monde où la bonne volonté ne suffit plus, où le temps de la chasse et de la cueillette sauvages est prohibé, où l’espace public se rétrécit au profit de l’espace privé, où l’existence ne saurait se limiter à survivre, l’emploi est indispensable pour tous ceux qui veulent mener une vie décente.

Cela suppose de la part des pouvoirs publics de créer les conditions économiques qui permettent ces emplois avec des choix qui restent dans les mains des décideurs politiques.

Encore faut-il qu’il y ait une réelle volonté de faire quelque chose qui aille dans ce sens. Ce qui ne semble pas le cas aujourd’hui.

Au point d’aboutir à ce paradoxe qui fait qu’alors que nous sommes l’un des seuls pays occidentaux à avoir ce droit inscrit dans notre Constitution, nous sommes l’un de ceux où le taux de chomage est le plus élevé. Comme si, à partir du moment où les citoyens bénéficiaient de ce droit Constitutionnel, cela exonérait les pouvoirs publics de le mettre en application. Un droit virtuel en quelque sorte…

La justice et le droit constitutionnel d’obtenir un emploi.

Il nous faut bien reconnaître que jamais les plus hautes juridictions n’ont eu à se prononcer de manière directe sur l’interprétation et la façon dont ce droit devait être appliqué.

Dans un arrêt du 26 juin 1959 - Syndicat général des ingénieurs-conseils - Le Conseil d’Etat avait formulé une règle simple : « Les principes généraux du droit, résultant notamment du Préambule de la Constitution, s’impose à toute autorité réglementaire, même en l’absence de dispositions législatives. » En s’appuyant sur cet Arrêt, on pourrait s’imaginer que le droit d’obtenir un emploi est un droit opposable que chacun peut revendiquer et pour lequel il peut obtenir des dédommagements au cas où les pouvoirs publics ne lui permettent pas d’en bénéficier.

Et pourtant !!!

Dans un Arrêt du 30 juin 2006, la Cour administrative d’appel de Nantes affirme que « Le principe posé par les dispositions du cinquième alinéa du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, auquel se réfère la Constitution du 4 octobre 1958, aux termes duquel « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi… », ne s’impose au pouvoir réglementaire en l’absence de précision suffisante, que dans les conditions et les limites définies par les dispositions contenues dans les lois ou dans les conventions internationales incorporées au droit français ;… » .

En se retranchant derrière le paravent législatif, le Tribunal administratif fait perdre beaucoup de sa portée à l’arrêt sus-indiqué du Conseil d’Etat. Cependant on peut interpréter ce jugement prudent comme un appel au législateur à se prononcer sur les implications de ce droit Constitutionnel.

Le Conseil Constitutionnel ne s’est jamais prononcé directement sur ce droit spécifique. Cependant, à diverses occasions,( Décisions n° 85-200 DC du 16 janvier 1986, n° 98-401 DC du 10 juin 1998…), il a rappelé qu'il revient par ailleurs au législateur de fixer les principes fondamentaux du droit du travail, et notamment de poser des règles propres à assurer au mieux, conformément au cinquième alinéa du Préambule de la Constitution de 1946, le droit pour chacun d'obtenir un emploi, tout en ouvrant le bénéfice de ce droit au plus grand nombre d'intéressés.

On ne peut être que surpris de lire, de la part du Conseil Constitutionnel, de telles phrases concernant un droit fondamental : assurer au mieux… tout en ouvrant le bénéfice de ce droit au plus grand nombre d'intéressés.

Des notions qui ne sont guère compatibles avec la rigueur juridique…On peut expliquer ce comportement par le fait que les membres du Conseil Constitutionnel ne sont pas des juges mais des sages qui, lorsqu’ils ne sont pas appelés à sanctionner, préfèrent user de la persuasion plutot que de la contrainte…

Cependant lorsque dans son jugement du 16 février 2010, le Tribunal d’Instance du 7ème arrondissement de Paris reprend à son compte cette notion d’un droit accessible au plus grand nombre, on ne peut que s’interroger sur le genre de justice qui ne serait accessible qu’à une partie de la population, fussent-ils le plus grand nombre. N’est ce pas contradictoire avec la notion même de droit que d’accepter que certains puissent ne pas y avoir accès ? Ne s’agit-il pas plutot des caractéristiques propres à ce que l’on appelle un privilège et que le peuple a décidé de supprimer la nuit du 4 aout 1789 ??? L’exact contraire de la situation de droit.

Le seul droit constitutionnel qui n’aurait pas une application concrète.

Il est vrai que pendant les 30 glorieuses, la question du chomage ne se posait pas dans un contexte économique qui privilégiait la croissance et l’emploi, fut ce au prix d’un inflation que certains jugeaient excessive.

Il est vrai que le droit d’obtenir un emploi ne peut bénéficier qu’aux plus pauvres, à ceux qui ne disposent pas des relations susceptibles de leur procurer un emploi, à ceux qui n’ont pu suivre les formations valorisantes, à ceux qui ne disposent pas de moyens financiers leur permettant de créer leur propre emploi.

Il est vrai que les pauvres n’ont guère l’habitude de faire valoir leurs droits. Même lorsqu’ils connaissent leurs droits, le recours à la justice demeure exceptionnel tant le résultat parait aléatoire en comparaison de l’énergie et des frais engagés.

La position du Conseil Constitutionnel

Le droit d’obtenir un emploi fait aussi exception en ce qu’il présente la particularité de n’avoir jamais fait l’objet d’une saisie directe du Conseil Constitutionnel.

Si celui-ci a pu s’exprimer sur ce droit, c’est toujours de façon indirecte, à l’occasion de recours effectué par des députés ou sénateurs qui contestaient le bien fondé d’une loi au vu de ce droit constitutionnel d’obtenir un emploi. Il s’agissait soit de contester le droit de fixer la durée légale du travail, soit de permettre la compatibilité entre retraite et travail…

A chaque fois, le Conseil Constitutionnel a considéré que les dispositions contestées ne faisait pas obstacle au droit de travailler, même si cela en limitait l’exercice avec pour objectif d’en faire bénéficier le plus grand nombre…

Il faut avoir présent à l’esprit que les contestations portaient sur des dispositions auxquelles on reprochait de limiter le droit de travailler comme si il s’agissait d’un droit à préserver et non d’un droit à promouvoir, comme si les initiateurs de ce droit l’avait rédigé sous les termes du droit d’exercer un emploi alors qu’il s’agit du droit d’obtenir un emploi. Une différence d’écriture qui doit entrainer une différence de comportement…

L’obligation des pouvoirs publics ne se limite pas seulement à protéger l’emploi mais aussi à tout mettre en œuvre pour que chacun puisse y avoir accès.

Un droit fondamental qui doit trouver une application concrète.

Pour toutes ces raisons, il est primordial que les juges de la Cour d’Appel s’expriment sur ce droit constitutionnel contenu à l’alinéa 5 du Préambule de la Constitution en réaffirmant dans la logique du Conseil d’Etat qu’il s’agit d’un droit fondamental dont chaque citoyen peut se prévaloir.

La responsabilité des partis politiques

Le role indispensable des partis politiques pour faire vivre la démocratie

C’est au sein des hommes et des femmes présentés par les partis que les électeurs désignent ceux qui vont les représenter le temps de la législature pour voter les lois, voter les budgets et porter leurs doléances.

Il s’agit d’une tache primordiale que la Constitution encadre en accordant à nos élus des prérogatives spécifiques pour accomplir cette tache. C’est ainsi qu’avec le gouvernement, ils sont les seuls à pouvoir proposer des lois, les amender et les voter dans le cadre de la Constitution. Ils sont aussi les seuls à pouvoir porter les doléances des citoyens en interpellant le gouvernement lors des séances des questions orales ou par les questions écrites.

Un relais indispensable entre le pouvoir et le peuple.

Au service de leurs électeurs.

A partir du moment où les partis politiques se font élire en s’appuyant sur un programme spécifique qui les différencie des partis concurrents, il est logique que les élus issus de telles élections se font en priorité les porte paroles des idées sur lesquelles ils se sont fait élire. Et personne ne pourrait leur reprocher de ne pas défendre des idées contraires à leur programme ou soutenues par leurs adversaires.

Au service de la Constitution et des citoyens.

Cependant au-delà de leur propre programme, le programme de base de chaque parti qui présente des candidats en vue de l’élection consiste dans la mise en pratique des principes fondamentaux inscrits dans la Constitution qui est en quelque sorte la bible sur laquelle repose notre nation, qui en organise le fonctionnement et assure à chaque citoyen, en contrepartie de devoirs nécessaires au bien être de tous, les droits pour une vie la plus épanouie possible.

C’est en respectant ce principe que les droits de base de tous les citoyens seront défendus. C’est en respectant ce principe qu’une majorité régulièrement élue ne pourra imposer des choix contraires à la Constitution. C’est en respectant ce principe que les droits de tous ceux qui ne sont pas représentés par des élus, que les idées qui ne sont pas soutenues par des lobbies, que les droits de gens minoritaires pourront s’exprimer si ils s’intégrent dans les principes défendus par la Constitution.

Une obligation d’agir ?

Tout le monde semble s’accorder sur le rôle des partis en tant qu’intermédiaires entre le peuple et l’exécutif du pays. C’est d’ailleurs à ce titre que les partis disposant d’élus nationaux perçoivent des subsides de la part des pouvoirs publics.

Pour autant les partis politiques ont-ils des comptes à rendre concernant leur action ou leur absence de réaction dans ce rôle d’intermédiaire entre le peuple et nos dirigeants ?

Certains ne manqueront pas de plaider que, par essence, les élus sont les représentants attitrés du peuple et que l’expression du peuple découle directement des élus représentés par les partis…qui sont libres de leurs faits et gestes tout comme de leur parole, de leurs priorités, de leurs stratégies.

Dans cette logique la demande d’individus ne saurait être qu’écartée ainsi qu’en a décidé le tribunal d’instance dans son jugement du 16 février 2010 en considérant qu’il n’est pas établi par Monsieur BOUTHEMY que le Parti Socialiste aurait manqué à une obligation pesant sur lui .

C’est cette logique qui a prévalu durant toutes ces dernières années et qui fonctionne au mieux des intérêts de ceux qui sont les cibles traditionnelles des partis, de ceux qui se regroupent en lobbies capables d’intercéder auprès des élus, de ceux qui appartiennent aux professions dont sont issus les élus…Cela ne représente pas l’ensemble de la population. Cela laisse de coté certaines catégories de population ou certains individus dont les doléances et les souffrances ne sont pas entendues par les partis et les élus qui les composent.

C’est la question de la place des minorités dans un système de démocratie représentative.

Si la question ne concerne qu’une partie minoritaire de la population, si ceux qui sont concernés ne disposent pas des relais auprès des partis politiques, si ils n’ont pas les moyens ni la culture de faire entendre leurs revendications, il peut arriver que des citoyens ne profitent pas du relais des partis politiques…Cette absence de représentation et cette mise à l’écart des relais politiques peut se trouver renforcé si le reste de la population profite directement ou indirectement de la situation qui est subie par cette catégorie de la population.

Même si les circonstances étaient différentes, si les élus avaient eux-mêmes renoncé à assumer leur rôle, on peut dire que la déportation des juifs en 1942 a pu être appliquée sans rencontrer d’obstacles parce qu’ils ne disposaient pas de relais susceptibles de défendre leurs intérêts.

Sans que cela soit aussi dramatique, c’est un peu cette situation d’abandon de la part des partis politiques et de leurs élus que subissent toutes les personnes qui, de nos jours, sont privées d’emploi.

Le rôle exclusif des partis politiques face au pouvoir en place

Face à cette situation de chomage important, peut on exclure la responsabilité des partis politique?

Si les partis politiques ne se font pas les porte paroles des chomeurs auprès du gouvernement, qui peut le faire ? N’y a-t-il pas rupture de la représentativité du peuple par les élus lorsque des millions de personnes ne peuvent bénéficier d’un droit constitutionnel et faire entendre leurs revendications?

A partir de quel moment une revendication doit-elle être relayée par les partis ? S’agit-il d’une question de nombres de personnes concernées ? De la médiatisation du sujet ? De la qualité des personnes concernées ?

Plus globalement, on peut se poser la question des sujets qui doivent être portés par les politiques, de leur priorité, de leur bien fondé…Du rôle des élus pour corriger chaque injustice de la vie, pour répondre aux demandes de chaque citoyen.

C’est ainsi que l’on a vu l’ensemble des partis politiques se mobiliser pour la libération de Madame Ingrid BETANCOURT, harceler le gouvernement sur cette question, exiger toujours plus d’efforts jusqu’à sa libération effective alors que dans le même temps les partis politiques adoptaient une même unanimité pour considérer la question du chomage comme ne méritant pas autant d’efforts.

En ce qui concerne le droit constitutionnel d’obtenir un emploi dont sont privés des millions de citoyens, qui peut porter cette revendication si ce n’est les partis politiques qui, par leurs élus, ont la prérogative d’interpeller le gouvernement sur ses initiatives pour rendre effectifs les droits constitutionnels.

Le fait que ma revendication ne soit pas portée par un groupe mais par un seul individu lui enlève-t-elle tout intérêt ?

Une demande des juges administratifs

Avant de m’adresser aux partis politiques, c’est tout un parcours judiciaire que j’avais effectué pour faire aboutir ce que je considérais comme un droit constitutionnel fondamental.

C’est le jugement du 29 juin 2006 de la Cour Administrative de Nantes qui m’avait incité à m’adresser aux partis politiques. En invoquant pour rejeter ma demande l’absence de précision suffisante du texte constitutionnel, les juges administratifs m’indiquaient d’une certaine façon, la démarche à suivre pour rendre effectif ce droit constitutionnel. Afin de se prononcer sur les incidences d’un tel droit, les juges demandaient à ce que le législateur précise la portée de ce droit.

En m’adressant aux partis politiques, je ne faisais que me plier aux recommandations des juges administratifs.

Ceux-ci n’ont pas répondu à cet appel…Ce que je peux considérer comme une première faute !!! En tant que législateurs les élus doivent assumer le rôle que la Constitution leur a attribué dans l’organisation des pouvoirs publics et éclairer les juges sur le sens des dispositions constitutionnelles...

Ne pas accomplir un acte qu’on est le seul à pouvoir accomplir me semble une faute grave.

Une obligation pour le législateur de permettre à chaque citoyen d’accéder à tous les droits constitutionnels.

Même si je n’avais pas alerté personnellement les partis politiques sur la façon dont ce droit est refusé à un nombre important de nos concitoyens, les partis politiques soucieux du bien être de la population, face au drame vécu par les chomeurs, auraient du prendre eux-mêmes l’initiative pour rendre effectif à tous nos concitoyens ce droit constitutionnel fondamental.

C’est la deuxième faute qui peut être reprochée aux élus dans la mesure où ils étaient les seuls à bénéficier des prérogatives pour interpeller le gouvernement sur cette question de droits constitutionnels sans application concrète.

Le fait que ce droit n’est susceptible de bénéficier qu’à une partie de la population, aux plus pauvres, à ceux qui ne disposent pas des moyens financiers ou des relations pour obtenir un emploi, à ceux qui ne sont guère représentés dans les partis et encore moins parmi les élus, n’excuse pas l’absence d’initiatives des partis politiques pour rendre effectif ce droit Constitutionnel.

Au soutien de cette conception du role du législateur et donc des élus, je m’appuie sur une communication de Bruno GENEVOIS, Président de section au Conseil d’État, prononcée le 3 Novembre 2008, lors du Colloque du Cinquantenaire du Conseil Constitutionnel, et intitulée « L’enrichissement des techniques de contrôle ».

Je me permets de reproduire textuellement le passage consacré à l’action du Conseil Constitutionnel pour obliger le législateur à exercer pleinement la compétence qu’il tient de la Constitution et spécialement de son article 34.

Une telle approche s’est manifestée tout d’abord à travers la censure de dispositions pour incompétence négative du législateur, lorsqu’il n’a pas épuisé la compétence qui lui est conférée par la Constitution.

Elle est illustrée également par la jurisprudence qui fait obligation au législateur dans l’exercice de son pouvoir d’abrogation ou de modification des lois antérieures, de ne pas priver de garanties légales des exigences à caractère constitutionnel.

Dans une phase ultérieure de sa jurisprudence, le Conseil a, sur le fondement soit de l’article 34 de la Constitution, soit des dispositions combinées de cet article et de celles des articles 6 et 16 de la Déclaration des droits de l’homme, jugé que s’imposaient au législateur des exigences touchant à la qualité de la loi. Cela s’est traduit par l’obligation pour la loi de revêtir un caractère normatif (Décision n° 2005-512 DC du 21 avril 2005), sous la seule réserve des lois de programme et par la consécration d’un objectif de valeur constitutionnelle d’intelligibilité et d’accessibilité de la loi (Décision n° 99-421 DC du 16 décembre 1999).

Mieux que quiconque le Conseil Constitutionnel, dans la Décision n° 2004-509 DC du 13 janvier 2005, affirme, dans les articles 23 à 25, sa position concernant le rôle du législateur dans l’application du droit constitutionnel d’obtenir un emploi.

23. Considérant que le Préambule de la Constitution réaffirme les principes posés tant par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 que par le Préambule de la Constitution de 1946 ; qu'au nombre de ceux-ci, il y a lieu de ranger la liberté d'entreprendre, qui découle de l'article 4 de la Déclaration de 1789, ainsi que les principes économiques et sociaux énumérés par le texte du Préambule de 1946, parmi lesquels figurent, selon son cinquième alinéa, le droit de chacun d'obtenir un emploi ;


24. Considérant qu'il incombe au législateur, dans le cadre de la compétence qu'il tient de l'article 34 de la Constitution pour déterminer les principes fondamentaux du droit du travail, d'assurer la mise en oeuvre des principes économiques et sociaux du Préambule de 1946, tout en les conciliant avec les libertés constitutionnellement garanties ; que, pour poser des règles propres à assurer au mieux, conformément au cinquième alinéa du Préambule de 1946, le droit pour chacun d'obtenir un emploi, il peut apporter à la liberté d'entreprendre des limitations liées à cette exigence constitutionnelle, à la condition qu'il n'en résulte pas d'atteinte disproportionnée au regard de l'objectif poursuivi ;


25. Considérant qu'il incombe au législateur d'exercer pleinement la compétence que lui confie l'article 34 de la Constitution ; qu'à cet égard, le principe de clarté de la loi, qui découle du même article de la Constitution, et l'objectif de valeur constitutionnelle d'intelligibilité et d'accessibilité de la loi, qui découle des articles 4, 5, 6 et 16 de la Déclaration de 1789, lui imposent d'adopter des dispositions suffisamment précises et des formules non équivoques ; qu'il doit en effet prémunir les sujets de droit contre une interprétation contraire à la Constitution ou contre le risque d'arbitraire, sans reporter sur des autorités administratives ou juridictionnelles le soin de fixer des règles dont la détermination n'a été confiée par la Constitution qu'à la loi ; que, pour autant, ces autorités conservent le pouvoir d'appréciation et, en cas de besoin, d'interprétation inhérent à l'application d'une règle de portée générale à des situations particulières ;

Si le Conseil Constitutionnel avait été interpellé sur la façon dont il revient au législateur de rendre effectif le droit constitutionnel d’obtenir un emploi, il est probable que ces articles auraient pu être repris de manière intégrale.

L’article 23 rappelle que le droit de chacun d’obtenir un emploi fait partie des principes fondamentaux réaffirmés par le Préambule de la Constitution.

L’article 24 rappelle qu’il incombe au législateur d’assurer la mise en œuvre des principes économiques et sociaux du Préambule de 1946.

L’article 25 insiste sur la nécessité du législateur d’adopter des dispositions suffisamment précises… sans reporter sur des autorités … juridictionnelles le soin de fixer des règles…

C’est le même esprit qui justifie ma démarche…Et c’est pour ne pas avoir pu bénéficier de l’appui du Parti Socialiste pour défendre mon droit constitutionnel d’Obtenir un emploi que je m’ adresse à la justice.

Dans la mesure où en tant que parti politique, le Parti Socialiste avait les moyens et l’obligation de tout mettre en œuvre pour que chaque citoyen bénéficie du droit constitutionnel d’obtenir un emploi, en s’abstenant de répondre à mes demandes, à celle de la justice administrative, aux millions de chomeurs, le Parti Socialiste n’a pas rempli le rôle unique et tellement important que lui confère la Constitution.

Le comportement du Parti Socialiste est aussi coupable qu’un maitre nageur qui refuserait de porter secours à un nageur en train de se noyer.

Condamné au chomage, condamné à vivre avec de faibles ressources, condamné à élever mes enfants avec cette image dévalorisée du chomeur, je demande réparation du Préjudice subi.

Droits et devoirs forment un tout

Pour certaines personnes, obtenir un emploi est la seule façon légale de se procurer des revenus. Lorsque ces personnes sont condamnées au chomage, que leur reste-t-il comme moyen de subsistance ? Soit se résigner à survivre avec les faibles moyens d’assistance soit se tourner vers des sources de revenus moins légales.

On a déjà entendu des élus demander une certaine tolérance vis-à-vis des trafiquants en arguant que c’était leur seule source de revenus.

En ne permettant pas aux individus de bénéficier des droits qui leur sont en principe octroyés par la Constitution, la société peut-elle exiger de ces mêmes individus qu’ils assument leurs devoirs…Lorsque pour vivre et faire vivre mes enfants je ne dispose que de l’ASS, la justice ne perd-t-elle pas de son assurance lorsque je serai verbalisé pour ne pas avoir effectué le contrôle technique de mon véhicule automobile ?

Droits et devoirs forment un tout. Si l’on retire des droits à certains individus, c’est la société toute entière qui désagrège la base juridique qui lui permet, en retour, d’exiger des devoirs de chaque citoyen.

Un comportement coupable du Parti Socialiste

A partir du moment où le Parti Socialiste avait eu connaissance du contenu de l’arrêt de la Cour administrative de Nantes, à partir du moment où les juges se disaient incapables de se prononcer en l’absence de précision suffisante, à partir du moment où je m’étais adressé au Parti Socialiste afin qu’il interpelle le gouvernement sur les actions qu’il comptait mener pour apporter les éclaircissements demandés par les juges administratifs, à partir du moment où le refus du Parti Socialiste reposait sur l’inopportunité de rendre effectif pour chaque citoyen le droit constitutionnel d’obtenir un emploi, je considère que le Parti Socialiste n’a pas rempli l’une de ses missions octroyées par la Constitution et pour laquelle il reçoit des subsides de la part des pouvoirs publics.

Non seulement le Parti Socialiste est coupable d’avoir refusé de relayer les doléances des citoyens condamnés au chomage lors des questions au gouvernement mais en plus, en considérant que le droit constitutionnel d’obtenir un emploi ne méritait pas d’être défendu, le Parti Socialiste a, d’une certaine façon, renié la Constitution sur laquelle repose l’ensemble des institutions qui constituent la nation française.

En tant que chomeur je me considère comme victime d’un système auquel participe le Parti Socialiste mais aussi en tant que citoyen, je considère que le Parti Socialiste, en s’exonérant de défendre l’un des droits inscrits dans la Constitution, viole la mission essentielle reconnue aux Partis Politiques qui consiste à défendre la Constitution en permettant que chacun des droits et des devoirs qu’elle contient soit effectif.

Il s’agit d’une question qui dépasse mon propre litige avec le parti socialiste. Les obligations d’un parti se limitent-elles à leur propre programme ou doivent-elles englober tous les droits reconnus par la Constitution ???

Dans un système majoritaire avec une abstention de plus en plus grande, le risque de voir une proportion d’individus non représentés dans les centres de décision et en particulier les assemblées d’élus, ne cesse de croitre. Lorsque la défense de ces individus aurait tendance à pénaliser le candidat à une élection, il ne faut pas s’étonner que ceux-ci se retrouvent marginalisés et sans représentant.

C’est ce qui semble se passer pour les chomeurs dont le sort ne préoccupe guère nos élus. Les enquêtes semblent démontrer que cette catégorie de population aurait tendance à s’abstenir lors des élections sans compter qu’elle comprend une part importante d’étrangers qui n’ont pas le droit de vote. Dans ces conditions, il est logique que les partis ne soient guère intéressés par cette population…

Et si l’on prend en compte tous les avantages que le reste de la société peut tirer d’un niveau de chomage important, il ne faut pas compter sur les élus pour modifier cet état de fait…Le chomage important maintient un niveau de salaires faibles dont profite le reste de la société. Avec en plus tous les avantages générés par les emplois à temps partiel…Ce qui a pour conséquence de générer une nouvelle catégorie d’employeurs consommateurs de services à domicile qui se recrutent dans la classe moyenne et ont pris l’habitude de disposer de quelques heures par semaine de femmes de ménage, jardiniers et autres services à la personne. Dans ces conditions, difficile pour les chomeurs de faire entendre leur voix.

D’autres, parfois moins nombreux, réussissent pourtant à faire valoir leur point de vue. C’est ce que l’on appelle les lobbies…qui nécessitent des relations ou des moyens financiers susceptibles d’influencer utilement un certain nombre d’élus…S’agit-il encore de démocratie ???

L’expérience des chomeurs démontre qu’il ne suffit pas de disposer d’un droit théorique pour en bénéficier de manière concrète

A partir du moment où l’on se trouve dans un système de scrutin majoritaire qui entraine de fait que certaines idées ou groupes ne soient pas représentées, il est nécessaire cependant de savoir que les intérêts de groupes minoritaires seront défendus si ils s’inscrivent dans les principes défendus par la Constitution…Ce role revient aux parlementaires qui par l’intermédiaire de leurs groupes et de leurs partis peuvent faire entendre au sein des assemblées élues la voix de ceux qui seraient privés d’un droit fondamental inscrit dans la Constitution.

En sanctionnant le Parti Socialiste pour n’avoir pas assumé ce rôle, c’est ce principe que les juges vont réaffirmer comme socle de notre démocratie.

Par ces motifs

Monsieur Jean claude BOUTHEMY en son appel du jugement rendu par le Tribunal d’Instance du 7e arrondissement de Paris le 16 février 2010

L’y déclarer bien fondé,

Infirmer le jugement entrepris,

Et statuant à nouveau :

Dire et juger que le droit constitutionnellement reconnu, dès le préambule du 27 octobre 1946 de la constitution (alinéa 5), d’obtenir un emploi s’applique à tous les citoyens, et non seulement au plus grand nombre.

Dire et juger que le PARTI SOCIALISTE FRANÇAIS sollicité, n’a pas usé des moyens légaux à sa disposition pour défendre le droit constitutionnel d’obtenir un emploi.

Condamner le PARTI SOCIALISTE FRANÇAIS à payer à Monsieur Jean claude BOUTHEMY la somme de 5.000,00 euros à titre de dommages et intérêts en réparation de son préjudice moral.

Rejeter toutes les prétentions et demandes contraires aux présentes conclusions.

Condamner le PARTI SOCIALISTE FRANÇAIS en tous les dépens de première instance et d’appel dont le montant, pour ceux la concernant, pourra être directement recouvré par la SCP MOREAU, Avoué, conformément aux dispositions de l’article 699 du Code de Procédure Civile.

SOUS TOUTES RESERVES ET CE SERA JUSTICE

Les présentes conclusions s’appuient sur les termes du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, sur ceux de la constitution elle-même, et de la jusrisprudence.

jeudi 8 septembre 2011

Un procès politique contre un chomeur qui revendique le droit constitutionnel d'obtenir un emploi

Tribunal correctionnel de Rennes

Audience du 28 septembre 2011 à 16 heures

RG n° 08/33847

CONCLUSIONS

POUR BOUTHEMY jean claude

Le pont besnard

35460 La Selle en cogles

PREVENU

CONTRE Etat Français

demandeur

et

Pole Emploi

partie civile

Ayant pour Avocat Me Eric LEMONNIER

PLAISE AU TRIBUNAL

Madame, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les juges, vous aurez à examiner plusieurs questions de droit.

1 Dans la mesure où j’appuie ma défense sur l’état de nécessité, vous devrez vous pencher sur le droit constitutionnel d’obtenir un emploi. En vous appuyant sur les témoignages des personnes que j’ai fait citer et qui sont parmi les plus expertes dans ce domaine, vous devrez vous prononcer sur les obligations que ce droit impose à chacun des citoyens mais aussi aux institutions.

2 Vous devrez dire si, privé d’un droit constitutionnel fondamental, j’étais en droit de le revendiquer pour moi et les millions de nos concitoyens qui en sont aussi privés.

3 Vous devrez aussi vous arrêter sur la liberté d’expression, sur le moyen de revendiquer un droit constitutionnel et sur la façon de faire connaître cette injustice.

4 Il vous faudra aussi étudier le comportement de Pole Emploi et vous prononcer sur le délit de dénonciation calomnieuse dont je l’accuse.

5 Vous aurez la lourde tache de dire si la privation volontaire d’un droit fondamental inscrit dans la déclaration universelle des Droits de l’Homme ouvre droit à un recours et à réparation prévus par la Résolution adoptée par l’Assemblée générale des nations Unies le 16 décembre 2005.

6 Et enfin vous aurez à vous prononcer sur mes différentes demandes.

UN PROCES POLITIQUE

Non seulement le pouvoir ne fait rien pour rendre effectif le droit constitutionnel d’obtenir un emploi mais en plus il criminalise le seul fait de revendiquer ce droit. C’est ce qui me vaut d’être convoqué devant le tribunal correctionnel de Rennes, le mercredi 28 septembre 2011 à l’audience de 16 heures.

Il s’agit ni plus moins d’un procès politique et c’est ce que je vais démontrer lors de l’audience en faisant la démonstration d’une part que j’étais dans mon droit en revendiquant ce principe constitutionnel et d’autre part que l’accusation ne repose sur aucun fondement légal et qu’il ne s’agissait que de vouloir faire taire toute revendication concernant ce droit constitutionnel.

Lorsque le pouvoir prive le peuple d’un droit fondamental, logiquement cela devrait provoquer des réactions. Pour maintenir une telle situation, cela ne peut se faire sans la complicité de certaines institutions, sans la collaboration de certains médias et autres organismes chargés d’endoctriner ou de réprimer. C’est un système qui a fait ses preuves au point que le nombre de chomeurs se monte à plusieurs millions en dépit du fait que la Constitution accorde à chacun le »droit d’obtenir un emploi ».

Si par hasard un individu parvient à contourner tous ces obstacles pour revendiquer et faire connaître ce droit, c’est l’armada du code pénal qui est alors utilisée pour faire taire l’ »enragé »…et ceci en violation de la loi.

LES FAITS

Le tag

Le 28 septembre 2008, j’inscrivais sur la façade d’un batiment situé à Fougères au 5 rue de la landronnière, cette revendication : ALINEA 5 un EMPLOI pour CHACUN.

L’audience du 23 février 2011

A l’audience du 23 février 2011 devant le tribunal correctionnel de Rennes, je demandais renvoi de l’affaire à cause de l’absence des témoins que j’avais fait citer et convocation de ceux-ci par le tribunal.

L’audience fut fixée au 28 septembre 2011 à 16 heures.

Ce fut l’occasion de prendre connaissance du dossier et des demandes de Pole emploi qui s’était constitué partie civile contre moi

LA DISCUSSION

UN DROIT CONSTITUTIONNEL

Le droit d’obtenir un emploi , un droit constitutionnel

C’est l’alinéa 5 du Préambule de la Constitution qui l’annonce : Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi.

A partir du moment où le terme Obtenir est défini par le dictionnaire comme Parvenir à se faire accorder ce que l’on désire, on n’imagine pas que cela corresponde à la galère imposée à tout demandeur d’emploi.

C’est en application de ce principe que la nation a pu intégrer, dans un contexte autrement plus difficile que le contexte actuel, les 2 millions de personnes qui en 1945 sont revenues des camps de déportations, des camps de prisonniers de guerre ou du travail obligatoire.

C’est ce même principe qui a permis, dans les années 1960, que tous ceux qui étaient chassés des anciennes colonies d’Afrique ou d’Asie ont pu surmonter leur traumatisme.

C’est un principe fondamental dans la mesure où il permet, à celui qui ne bénéficie pas de fortune personnelle ou des relations susceptibles de l’aider, de s’insérer dans la société française et de pouvoir bénéficier, grace à son revenu, de tous les autres droits inscrits dans la Constitution.

Face à la réalité du chomage qui touche plus de 4 millions de nos concitoyens, nous sommes obligés de constater que nous sommes loin de l’application effective de ce principe constitutionnel.

Un droit indispensable pour vivre décemment et bénéficier de tous les autres droits

Et pourtant, dans un monde où la bonne volonté ne suffit plus, où le temps de la chasse et de la cueillette sauvages est prohibé, où l’espace public se rétrécit au profit de l’espace privé, où l’existence ne saurait se limiter à survivre, l’emploi est indispensable pour tous ceux qui veulent mener une vie décente.

Cela suppose de la part des pouvoirs publics de créer les conditions économiques qui permettent ces emplois avec des choix qui restent dans les mains des décideurs politiques.

Encore faut-il qu’il y ait une réelle volonté de faire quelque chose qui aille dans ce sens. Ce qui ne semble pas le cas aujourd’hui.

Au point d’aboutir à ce paradoxe qui fait qu’alors que nous sommes l’un des seuls pays occidentaux à avoir ce droit inscrit dans notre Constitution, nous sommes l’un de ceux où le taux de chomage est le plus élevé. Comme si, à partir du moment où les citoyens bénéficiaient de ce droit Constitutionnel, cela exonérait les pouvoirs publics de le mettre en application. Un droit virtuel en quelque sorte…

Une contrepartie au droit de la propriété privée

Dans une société où l’espace public se réduit comme peau de chagrin, où l’Etat protège le droit de propriété, où l’appropriation individuelle des biens ne connaît aucune limite, le droit d’obtenir un emploi apparaît comme la contrepartie indispensable pour que celui qui ne dispose pas de fortune personnelle puisse cependant obtenir les revenus lui permettant de se procurer le minimum pour mener une vie décente.

L’Etat ne peut pas justifier et protéger l’appropriation individuelle des biens disponibles sans contrepartie pour ceux qui n’ont pas les moyens de cette appropriation. Lorsque l’extension de la propriété privée aboutit à priver une partie de la population des moyens décents de subsistance, c’est le fondement moral de la défense de la propriété privée par l’Etat qui vacille.

Que reste-t-il pour ceux qui ne bénéficient pas de ce droit de propriété ???

Bénéficier de la charité ou du bon vouloir des possédants ne peut être une réponse acceptable pour ceux qui n’ont rien.

En permettant d’obtenir un emploi, à ceux qui n’ont comme source de revenus que leur force de travail, ce droit constitutionnel rétablit un système de sécurité qui leur permet de vivre décemment dans cette société sans avoir à dépendre de la charité où à recourir à des sources de revenus illégales.

Plutot que de supprimer ce droit d’obtenir un emploi, l’étape suivante consisterait à agir pour que ce droit soit intégré dans les droits de l’homme.

La volonté de faire reconnaître un droit constitutionnel fondamental

Le principe général

Dans un arrêt du 26 juin 1959 - Syndicat général des ingénieurs-conseils - Le Conseil d’Etat avait formulé une règle simple : « Les principes généraux du droit, résultant notamment du Préambule de la Constitution, s’impose à toute autorité réglementaire, même en l’absence de dispositions législatives. » En s’appuyant sur cet Arrêt, on pourrait s’imaginer que le droit d’obtenir un emploi est un droit opposable que chacun peut revendiquer et pour lequel il peut obtenir des dédommagements au cas où les pouvoirs publics ne lui permettent pas d’en bénéficier.

Et pourtant !!!

Le seul droit constitutionnel qui n’aurait pas une application concrète.

Il est vrai que pendant les 30 glorieuses, la question du chomage ne se posait pas dans un contexte économique qui privilégiait la croissance et l’emploi, fut ce au prix d’un inflation que certains jugeaient excessive.

Il est vrai que le droit d’obtenir un emploi ne peut bénéficier qu’aux plus pauvres, à ceux qui ne disposent pas des relations susceptibles de leur procurer un emploi, à ceux qui n’ont pu suivre les formations valorisantes, à ceux qui ne disposent pas de moyens financiers leur permettant de créer leur propre emploi.

Il est vrai que les pauvres n’ont guère l’habitude de faire valoir leurs droits. Même lorsqu’ils connaissent leurs droits, le recours à la justice demeure exceptionnel tant le résultat parait aléatoire en comparaison de l’énergie et des frais engagés.

Les fondements juridiques

1 Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d'asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame … en outre, comme particulièrement nécessaires à notre temps, les principes politiques, économiques et sociaux ci-après :

C’est en ces termes que les rédacteurs de la Constitution de 1946 et de son préambule ont clairement indiqué qu’il s’agissait d’une rupture dans les rapports qui existaient entre les individus, pour éviter le retour de situations conduisant aux drames vécus pendant la seconde guerre mondiale.

C’est pour éviter que certains puissent s’en prendre à des boucs émissaires, c’est pour mettre en pratique un minimum d’égalité entre les citoyens qu’il apparaît indispensable de rendre effectif le « droit constitutionnel d’obtenir en emploi ».

Si les rédacteurs de la Constitution ont jugé nécessaire d’inscrire ce droit dans la Constitution, mon expérience m’a appris que l’application effective de ce droit était la meilleure façon de rendre sa dignité au citoyen.

On retrouve cet esprit de la Constitution dans l’arrêt du 26 juin 1959 du Conseil d’Etat et aussi chez des spécialistes reconnus du droit constitutionnel.

C’est ainsi que Charles DEBBASCH, dans son traité de Droit administratif affirme que le préambule établit les principes fondateurs du contrat social. Et à ce titre, à l'évidence ses dispositions sont source de droit positif...le Conseil constitutionnel a consacré expressément la valeur positive et constitutionnelle du préambule. Celui ci a une valeur juridique obligatoire. Il s'impose aux autorités administratives dans toutes les dispositions.

Monsieur René CHAPUS va dans le même sens. Dans son livre intitulé Droit administratif général, il soutient que les dispositions du préambule régissent l'administration et s'imposent aux juges, réserve faite de l'hypothèse de l'écran législatif...Contrairement à une erreur souvent commise et procédant d'une prudence excessive, les décisions précitées signifient que le préambule a force de loi constitutionnelle dans la totalité de ses dispositions...

Dans les principes généraux du droit administratif Georges VLACHOS apporte certaines précisions. Il affirme que La valeur constitutionnelle du Préambule a été affirmée par la décision du 16 juillet 1971 du Conseil Constitutionnel (A.J. 1971.537,n. Rivero). Il a considéré que le Préambule de la Constitution de 1958 en fait partie intégrante et possède donc la même force juridique que le texte constitutionnel. Ainsi, le contrôle de la constitutionnalité s'étend aux dispositions que la Déclaration des droits et le préambule de 1946 consacrent...

Il poursuit Lorsque le Préambule énonce une disposition suffisamment précise pour avoir immédiatement valeur de droit positif, le juge administratif en assure le respect au même titre que les dispositions du texte de la Constitution.

Si les constituants, au sortir des drames de la seconde guerre mondiale, ont jugé nécessaire d’inscrire ce droit dans la Constitution, ce n’est pas sans raison et rien ne justifie de ne pas en tenir compte même si ce droit bénéficie en priorité aux plus pauvres.

Le recours à la justice administrative

Confronté à la situation du chomage ainsi que 4 millions de nos concitoyens et considérant que l’obligation des pouvoirs publics consiste à tout mettre en œuvre pour que chacun puisse bénéficier d’un emploi, je me suis donc adressé à la justice administrative pour faire reconnaître et réparer le préjudice subi du fait de n’avoir pu bénéficier du droit constitutionnel d’obtenir un emploi.

Ma demande était rejetée le 24 janvier 2006 par le tribunal administratif de Rennes.

Ce que confirmera la Cour administrative d’Appel de Nantes en justifiant sa décision de rejet au motif que le principe posé par les dispositions du cinquième alinéa du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, aux termes duquel « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi… », ne s’impose au pouvoir réglementaire en l’absence de précision suffisante, que dans les conditions et les limites définies par les dispositions contenues dans les lois….

Une décision incompréhensible si on la rapproche de l’arrêt du 26 juin 1959 qui énonce que « Les principes généraux du droit, résultant notamment du Préambule de la Constitution, s’impose à toute autorité réglementaire, même en l’absence de dispositions législatives. ». Encore plus incompréhensible si on se réfère à l’article 4 du Code civil qui énonce que Le juge qui refusera de juger, sous prétexte du silence, de l'obscurité ou de l'insuffisance de la loi, pourra être poursuivi comme coupable de déni de justice.

Le Conseil d’Etat m’ayant refusé la possibilité d’un pourvoi, il ne me restait plus qu’à m’adresser directement au législateur pour apporter aux juges les précisions nécessaires dans l’interprétation du droit constitutionnel d’obtenir un emploi.

Le recours au législateur

D’une part j’ai envoyé un courrier à chacun des 69 membres de la commission des lois de l’assemblée nationale, ce qui n’a suscité qu’une seule réponse en plus de l’accusé de réception du Président de la Commission. D’autre part j’ai contacté les trois principaux partis politiques, UMP, PS et PC en leur demandant de répondre aux demandes des juges administratifs par l’intermédiaire de leurs élus, ne serait ce qu’en interpellant le gouvernement sur les mesures qu’il comptait prendre pour apporter aux juges les précisions qui leur manquaient…

En vain.

Il me fallait me résigner au fait que au-delà de leurs différences respectives, les hommes politiques avaient tous accepté la règle du libéralisme qui condamnait le droit constitutionnel d’obtenir un emploi.

Le recours au peuple

Devant l’absence de résultat de mes démarches, c’est à la population elle-même que j’ai décidé de m’adresser en faisant connaitre le message de la Constitution concernant le droit d’obtenir un emploi et ainsi rappeler aux chomeurs et à l’ensemble des citoyens que la situation de chomage qu’ils vivaient n’était pas inéluctable et qu’elle résultait d’une violation manifeste d’un droit constitutionnel auquel chacun pouvait prétendre.

Pour porter ma revendication, il me restait à imiter les publicitaires qui choisissent l’endroit le plus visible.

Le batiment qui hébergeait le personnel de l’ANPE était idéal. Non seulement le message était visible par tous ceux qui se rendaient à l’ANPE mais aussi par les nombreuses personnes qui circulaient sur l’un des principaux axes de circulation de la ville de Fougères. Cela faisait beaucoup de monde à prendre connaissance du message ainsi intitulé : « ALINEA 5 un EMPLOI pour CHACUN ».

La volonté politique d’étouffer une juste revendication

Le seul fait de priver une partie de la population d’un droit, fut-il fondamental, le seul fait de restreindre la liberté d’expression concernant cette situation ne saurait justifier une accusation de procès politique.

Par contre lorsque le pouvoir instrumentalise la justice pour faire condamner celui qui dénonce ces manquements, lorsque le pouvoir s’appuie sur une dénonciation calomnieuse qu’il a organisée, on peut parler de procès politique.

Pour étayer mon affirmation, je vais démontrer qu’il y a eu dénonciation calomnieuse et qu’en l’absence de cette dénonciation, le parquet n’aurait jamais pu porter l’affaire devant le tribunal correctionnel de Rennes.

Je vais aussi démontrer qu’en inscrivant publiquement cette revendication et en portant le débat devant les citoyens j’étais dans mon droit.

Un procès politique

Pour affirmer qu’il s’agit d’un procès politique, plusieurs conditions doivent être réunies. Il faut démontrer

1 qu’il s’agit d’une initiative du pouvoir en place.

2 qu’il s’agit de museler, d’étouffer ou de sanctionner une revendication politique.

3 qu’il y a une instrumentalisation de l’appareil répressif.

1 Initiative du pouvoir

A partir du moment où ma revendication était inscrite sur le mur extérieur d’un batiment appartenant à une personne privée et que ce batiment était lui-même construit sur un terrain appartenant à cette même personne privée, la justice ne pouvait être saisie que si il y avait au départ, une plainte en bonne et due forme déposée par le propriétaire du batiment.

Lorsque la directrice de l’agence de Fougères a déposé plainte au commissariat de Fougères, c’est en application des directives de sa hiérarchie comme elle me l’a confirmé au téléphone.

Les responsables de l’ANPE, fonctionnaires de l’Etat, ne pouvaient ignorer que l’Etat n’était pas propriétaire du batiment. Ce n’est certainement pas de leur propre initiative qu’ils ont décidé de se substituer au propriétaire. Il a fallu que celui qui les persuade de faire une dénonciation calomnieuse appartienne à la hiérarchie administrative.

A la lecture du PV de dépôt de plainte de l’ANPE, on apprend plusieurs choses qui nous permettent d’appréhender une partie de la vérité. Il est évident que la directrice savait, avant même de se rendre au commissariat que j’étais l’auteur de l’inscription puisqu’elle avait pris soin de prendre des informations sur mon dossier personnel. En portant plainte contre moi, il s’agissait de donner au parquet les moyens d’entamer une procédure juridique contre moi…comptant sur le fait que personne n’irait se renseigner sur le véritable propriétaire du batiment sur lequel j’avais écrit ma revendication.

2 Sanctionner une revendication politique

Il fallait que l’enjeu soit considéré comme important pour franchir l’obstacle de la dénonciation calomnieuse. Il est quasiment certain que si mon inscription n’avait pas consisté dans une revendication politique, elle n’aurait pas subi le même traitement. Je reconnais que mon entêtement à me réclamer de ce droit constitutionnel que le monde politique dans son ensemble considère comme incompatible avec le libéralisme mondialisé, a pu en irriter certains qui ont vu l’occasion de me dissuader de poursuivre dans cette voie.

3 Instrumentalisation de l’appareil répressif

Le code pénal prévoit plusieurs niveaux de répression pour ce type d’infraction. D’une part les articles 322 et sq du code pénal qui prévoient des peines d’emprisonnement et relèvent du tribunal correctionnel. D’autre part l’article R635-1 du même code pénal qui prévoit une contravention et relève du tribunal de police.

A partir du moment où je suis considéré comme primo délinquant, que j’ai agi seul et que le préjudice peut être effacé par un simple « gommage », la logique aurait voulu que mon acte relève tout au plus du tribunal de police, en conformité avec la jurisprudence de la Cour de Cassation du mardi 25 juin 1963 qui avait considéré qu’à partir du moment où Les prévenus s’étaient bornés à tracer des inscriptions qui, n’étant pas indélébiles, n’étaient pas susceptibles d’altérer dans leur substance les batiments sur lesquels elles ont été apposées…Ces inscriptions n’entrent pas dans la classe des dégradations visées par l’article 257 du code pénal (art 322-1 ncp).

Comme si cela n’était pas suffisant, et sans doute pour nous rappeler ce proverbe qui affirme que « le mieux est l'ennemi du bien », le parquet a choisi l’axe le plus répressif qui porte la peine de prison à 3 ans et l’amende à 45 000 euros lorsque le bien est 1° Destiné à l'utilité ou à la décoration publiques et appartient à une personne publique ou chargée d'une mission de service public ;

Manque de chance, je suis en mesure de prouver que le batiment ne remplissait aucune de ces 2 conditions et de plus ce paragraphe a été abrogé.

Le parquet s’est laissé aveugler par son acharnement à vouloir m’infliger la plus haute sanction.

Le fait d’apporter une réponse judiciaire à une juste revendication politique suffirait à démontrer que le procès qui m’est fait est un procès politique.

Puis je avoir raison en étant seul à revendiquer ce droit ?

A partir du moment où je me retrouve seul dans cette affaire qui concerne un droit fondamental et plusieurs millions de citoyens, il est logique qu’un observateur extérieur impute mon comportement à un délire paranoïaque.

Il me faut donc répondre à cet argument qui consiste à alléguer que si il s’agissait d’un réel problème politique, je ne devrais pas me retrouver seul à défendre mon point de vue.

1 Tout d’abord dans n’importe quel pays, sous n’importe quel régime, les dissidents sont le plus souvent isolés. Est-ce pour autant que cela enlève de la pertinence à la justesse de leur combat ?

2 Ensuite il me faut revenir sur un précédent combat judiciaire que j’ai mené avec succès…Lorsque je me suis battu contre Véolia pour obtenir une eau du robinet conforme aux normes en vigueur, j’ai été le plus souvent seul alors même que nous étions plusieurs milliers de consommateurs à être concernés par le même problème.

Aucun parti politique, pas même les Verts, ne m’a soutenu. Aucune association, fut-elle écologique, aucun syndicat, aucun groupe de citoyens n’a voulu se joindre à mon action. Les rares individus qui avaient accepté de mener le combat avec moi, se sont fatigués au long des 9 années de procédure.

Pour autant la décision du tribunal de condamner, en date du 4 juin 2009, la société Véolia à me verser la somme de 5127 euros en réparation du préjudice subi pour fourniture d’eau polluée, a-t-elle moins de valeur que si la même somme et souvent plus avait été accordée aux milliers d’individus qui en avaient autant le droit que moi !!!

Le fait que je sois seul rend mon combat plus difficile mais ne saurait le priver de fondements juridiques.

Les arguments pour ma défense

L’état de nécessité

L’article 122-7 du Code Pénal énonce : " N’est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, sauf s’il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace ".

L’état de nécessité se définit comme la situation dans laquelle se trouve une personne qui, pour sauvegarder un « intérêt supérieur » n’a d’autre ressource que d’accomplir un acte défendu par la loi pénale .

Dans l’arrêt du 6 décembre 1957 la Cour d’Appel de Colmar a écrit que si l’état de nécessité est une notion strictement exceptionnelle, il serait contraire à son esprit d’en limiter l’application à la défense d’intérêts matériels fussent-ils vitaux; qu’on doit l’étendre à la protection des intérêts moraux supérieurs, tel l’honneur de la personne ou du foyer qui, pour l’honnête hom­me, ont autant de prix que la vie.

Nous sommes exactement dans cette situation.

Parmi les normes juridiques, tout droit constitutionnel est supérieur à n’importe quelle loi ou règlement. Ce droit est menacé dans la mesure où les autorités judiciaires et institutionnelles ont décidé de le considérer comme inexistant.

Pour sauvegarder ce droit constitutionnel, j’ai engagé diverses actions légales qui se sont heurtées à l’indifférence des autorités compétentes.

Il ne me restait qu’à interpeller directement et publiquement la population.

En application de l’état de nécessité, je dois être relaxé du chef d’accusation qui m’a amené devant le tribunal.

Le droit d’expression

Il s’agit d’un principe fondamental qui était déjà inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 .

L’article 11 est ainsi rédigé :« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »,

C’est la même idée qui est reprise dans L'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme de 1950 :« 1 Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n'empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d'autorisations. »

Si ce droit constitutionnel était reconnu par tous, si il était effectif pour chaque français, si il était appliqué par le gouvernement et soutenu par nos élus, si il était défendu par la justice, si il faisait l’attention de nos médias, je n’aurais jamais eu besoin d’inscrire ce droit sur le mur d’un batiment situé au 5 rue de la landronnière à Fougères.

Mais après m’être adressé à la justice, après avoir interpellé le pouvoir et les élus, après avoir sollicité les divers médias et tout ceci en vain puisque le nombre de chomeurs ne faisait qu’augmenter, j’ai donc décidé de m’adresser directement à la population en utilisant comme support d’expression le mur d’un batiment. Si j’avais disposé de moyens financiers suffisants, j’aurais pu m’adresser à un publicitaire pour le même résultat…mais étant donné le montant de l’ASS, cette stratégie était exclue et je me demande si il serait bien légal et dans l’esprit des textes qui encadrent le droit d’expression, de réserver ce droit à ceux qui disposent des moyens financiers pour l’exercer.

Ce sera au tribunal d’éclaircir ce point…et de dire, au cas où il ne suivrait pas mon raisonnement juridique, de dire de quelle façon j’aurais pu exercer ma liberté de communiquer mes informations concernant la non application du droit constitutionnel d’obtenir un emploi, en application des articles encadrant le droit d’expression.

Si la défense d’un droit constitutionnel ne justifie pas le plein exercice du droit d’expression, on peut se demander quelles devraient être les conditions pour qu’un tribunal reconnaisse justifié l’exercice de ce droit.

Dénonciation Calomnieuse

Normalement le rôle de Pole Emploi consiste à aider les chomeurs dans leur recherche d’un emploi.

Il est vrai que ce rôle devient de plus en plus difficile lorsque les emplois diminuent et que dans le même temps le nombre de demandeurs d’emploi augmente. Dans ce genre de situation, il n’y a pas de miracles à attendre surtout lorsque l’on connaît l’existence du NAIRU (Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment) que l’on traduit en français sous le terme de taux de chômage n'accélérant pas l’inflation.

Normalement on attendrait des responsables de Pole emploi qu’ils alertent les autorités sur la situation intolérable que vivent les chomeurs pour que ceux-ci prennent enfin des mesures susceptibles de rétablir un certain équilibre entre l’offre et la demande de travail. Mais cela ne rentrerait pas dans la logique des lois auxquelles se plient nos responsables politiques et qui visent avant tout à lutter contre l’inflation en maintenant un taux de chomage qui empêche toute inflation des salaires. Tant pis si l’inflation dans le domaine du logement, des matières premières et autres produits de première nécessité aboutit à faire perdre du pouvoir d’achat à ces mêmes salariés et aux chomeurs.

Faute de pouvoir répondre aux demandes des chomeurs, Pole Emploi va s’évertuer à les culpabiliser. Si ils se retrouvent au chomage, ce sera toujours de leur faute. Avec des explications plus ou moins farfelues mais qui auront au moins l’avantage de ne jamais remettre en cause les politiques de nos gouvernants. Ce sera le manque de formation ou une formation inappropriée, le manque de souplesse du chomeur que ce soit au niveau des horaires, des déplacements ou du type de contrat, la personnalité même de l’individu avec stage de relooking ou préparation à l’entretien…

Bref le chomage ne saurait jamais être imputable aux politiques ou aux industriels et financiers mais toujours au chomeur lui-même.

Et lorsque le chomeur se dit qu’il n’est pour rien dans les choix stratégiques effectués par nos dirigeants et qui aboutissent à ces situations et que la responsabilité d’une telle situation incombe à ceux qui ne respectent pas la mission qui leur a été assignée par la Constitution, à savoir permettre à chacun d’obtenir un emploi comme inscrit à l’alinéa 5 du Préambule de la Constitution, c’est aussitôt la grosse artillerie qui est employée.

J’en ai eu l’exemple après avoir tagué l’ANPE de Fougères en inscrivant sur la façade du batiment ; ALINEA 5 un EMPLOI pour CHACUN.

Dans la plainte enregistrée au commissariat de Fougères, j’ai eu la surprise d’y lire cette phrase : Monsieur BOUTHEMY est venue à l’agence le 06 10 2008 et ne voulait pas être dispensé de recherche d’emploi alors que son âge l’y autorise légalement…Voilà le grand reproche que l’on me fait : ne pas me résigner à 57 ans à survivre avec 450 Euros mensuels…Et participer à cette armée de chomeurs qui ne cesse de grossir mais qui doit souffrir en silence, sous peine de sanctions.

C’est ainsi qu’après avoir porté plainte contre moi, Pole Emploi se constitue partie civile devant le tribunal et demande réparations au titre d’un préjudice matériel d’un montant de 481, 39 € consistant dans le nettoyage par aérogommage du principe constitutionnel que j’avais inscrit sur la façade du batiment occupé par l’ANPE et demande aussi à être indemnisé pour ses frais judiciaires d’un montant de 717,60 €.

Il n’est pas question d’insister sur le fait que le total correspond à environ 3 mois de mes revenus.

Je suis cependant satisfait de lire dans les conclusions de Pole Emploi cette phrase : En tout cas, nul ne conteste ce principe (il s’agit du droit constitutionnel d’obtenir un emploi) et en tout cas pas l’ANPE POLE EMPLOI, dont justement la mission est de le mettre en œuvre.

Dans cette logique d’un droit à l’emploi pour tous, au lieu de s’associer au pouvoir politique qui ne permet pas l’application effective de ce droit constitutionnel, c’est à mes cotés pour demander une réelle politique de l’emploi que Pole Emploi devrait se trouver.

Pole Emploi a fait un autre choix, celui des pouvoirs publics, celui de l’autorité de tutelle, celui de la répression des chomeurs, celui de l’illégalité…Car Pole Emploi n’a légalement aucun droit à agir devant la justice.

Non seulement le role de Pole Emploi est contestable au vu de sa mission auprès des chomeurs mais il est condamnable au vu du droit.

D’une part l’ ANPE n’étant pas propriétaire des locaux, l’inscription ayant été faite à l’extérieur du batiment et sur un terrain privé, et le contrat de location prévoyant une assurance contre les dégradations de toutes origines, d’autre part le message se contentant de rappeler le texte de la Constitution, en toute logique l’ANPE n’avait aucune raison de porter l’affaire devant la justice. Cette possibilité revenant soit au propriétaire soit à la compagnie d’assurances.

Reste à savoir ce qui a pu motiver la démarche des responsables de Pole Emploi. Soit il s’agit d’une haine féroce vis-à-vis des chomeurs résultant de la situation d’échec à laquelle ils sont confrontés soit ils ont été victimes de la part de leur autorité de tutelle d’une pression telle qu’ils n’avaient d’autre choix que de violer la loi.

De ma part, il n’est pas question de m’en prendre aux salariés de Pole Emploi, ni même à la directrice de l’agence locale qui dans sa plainte déclare : Je vais faire intervenir les services techniques de la Ville de FOUGERES pour effacer cette inscription mais je devais d’abord déposer plainte pour qu’ils interviennent. Il est évident qu’elle ignorait la situation immobilière de l’agence et qu’elle appliquait les directives qui lui étaient données par la direction régionale ainsi qu’elle me l’a confirmé au téléphone.

La responsabilité en incombe à la direction de Pole Emploi, à l’époque toujours ANPE. Ils ne pouvaient ignorer que le batiment appartenait à une SCI immatriculée au registre du commerce de St Brieuc. Cependant il est peu probable, quelle que fut leur volonté de me faire payer mon initiative, que les dirigeants aient décidé d’eux mêmes de se substituer au propriétaire et de violer ainsi la loi. L’initiative d’une telle démarche ne pouvait venir que du sommet de la hiérarchie, pour le moins du ministère, si ce n’est de plus haut.

Toujours est-il qu’ils ont commis une faute que le tribunal devra sanctionner et pour laquelle je demande réparation du préjudice subi que j’évalue à la somme de 5000 euros.

Dans son article 226-10, le code pénal réprime la dénonciation, effectuée par tout moyen et dirigée contre une personne déterminée, d'un fait qui est de nature à entraîner des sanctions judiciaires, administratives ou disciplinaires et que l'on sait totalement ou partiellement inexact,…Nous sommes exactement dans cette situation où les responsables de Pole Emploi s’approprient le titre de propriétaire pour porter plainte contre ma personne…La loi réprime la dénonciation calomnieuse mais ce qui me plait davantage, c’est que pour les personnes morales, l’article 226-12 prévoit :

2° L'interdiction à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus d'exercer directement ou indirectement une activité professionnelle ou sociale dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de laquelle l'infraction a été commise ;

Quel rêve que de voir tous ces responsables de Pole Emploi confrontés au chomage. Peut être seraient-ils alors plus favorables à l’application effective du droit constitutionnel d’obtenir un emploi !!!

L’absence de délit

L’infraction telle que rapportée par la convocation consiste dans « une dégradation ou détérioration d’un monument ou objet d’utilité publique en l’espèce : un batiment de l’ANPE au moyen de tags dont le contenu est « ALINEA 5 UN EMPLOI POUR CHACUN ».

A partir du moment où le contenu du tag ne viole aucune loi et que ce tag ne détériore pas le batiment dans la mesure où un simple gommage suffira pour le faire disparaître, la logique aurait voulu que ce soit l’article R 635-1 du Code pénal qui soit invoqué pour sanctionner cette infraction en conformité avec la jurisprudence instituée par l’arrêt de la chambre criminelle du mardi 25 juin 1963, n° de pourvoi : 63-90430 et qui ne prévoit qu’une contravention.

Non seulement c’est la voie correctionnelle qui est choisie mais l’accusation s’appuie sur les articles les plus répressifs prévoyant 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Le recours à l’article 322-2 du code pénal (abrogé depuis) démontre un aveuglement maladif tant il ne correspond pas à la réalité des faits. Le paragraphe invoqué pour me sanctionner prévoit la double condition d’être destiné à l'utilité publique et appartenir à une personne publique. Or le batiment ne remplit aucune de ces 2 conditions. Le seul fait qu’il soit utilisé actuellement par un laboratoire d’analyses médicales démontre qu’il n’était pas destiné à l’utilité publique et de plus ce batiment, depuis sa construction en 2004, a toujours été la propriété d’un propriétaire privé.

N’ayant aucune volonté de résoudre la question du chomage, il est plus facile pour les politiques de trainer en justice ceux qui revendiquent le droit d’obtenir un emploi.

Pour le pouvoir, l’occasion était trop belle de me faire taire en demeurant dans l’ombre. Rien de plus facile que d’utiliser le bras armé de l’ANPE pour porter l’affaire devant la justice. Quitte ensuite à se retrancher derrière l’indépendance de la justice qui ne ferait qu’une stricte application de la loi.

En fonctionnaires zélés, la hiérarchie de l’ANPE s’est prêté à ce simulacre de justice…avec tous les ingrédients permettant au parquet de me faire payer mon outrecuidance.

A partir du moment où l’ANPE déposait plainte contre moi, le parquet n’avait plus qu’à tirer le fil pour me briser dans mes revendications d’un droit fondamental…même si cela devait se faire en violation des bases même de la justice.

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MES DEMANDES

1 Débouter toutes les parties de leurs demandes

J’ignore quelles seront les demandes du Parquet mais à partir du moment où j’invoque à juste titre la protection de l’article 122-7 du Code pénal sur l’état de nécessité, à partir du moment où ma revendication entre dans le cadre de la liberté d’expression protégée par les textes de loi, à partir du moment où l’inscription sur un batiment privé n’a pas été dénoncée par le propriétaire, à partir du moment où le texte de loi invoqué dans la convocation a été abrogé, j’estime que les prétentions du Parquet ne reposent sur aucun fondement juridique et qu’elles doivent être rejetées.

Ce qui est intolérable dans le comportement de Pole Emploi, c’est que, dans la stratégie habituelle de cette administration de culpabiliser les chomeurs, elle prête son concours au pouvoir politique pour pénaliser la juste revendication du droit constitutionnel d’obtenir un emploi et n’hésite pas à commettre une dénonciation calomnieuse qui donne le motif au parquet de me trainer devant le tribunal. Il va de soi que Pole Emploi sera déboutée de toutes ses demandes financières.

2 Condamner l’Etat et Pole Emploi.

Le fait d’être relaxé ne serait pas suffisant.

Quitte à me retrouver devant la justice, c’est l’occasion de revenir sur toutes les questions portant sur le même sujet du droit constitutionnel d’obtenir un emploi, déjà abordées devant d’autres juridictions et qui n’ont pas reçu de réponses satisfaisantes.

Demandes envers Pole emploi

En faisant une dénonciation calomnieuse qui a entrainé ma comparution devant le tribunal, Pole Emploi m’a causé un préjudice certain pour lequel je demande à être indemnisé en application des articles 1482 et 1483 du code civil pour un montant de 5 000 euros

A partir du moment où Pole Emploi est chargé de mettre en pratique les directives de l’Etat dans le domaine de l’emploi, et dans la mesure où l’observation des taux de chomage nous apprend qu’il existe une volonté délibérée de maintenir un taux de chomage permettant de juguler l’inflation, un taux qui varie d’un pays à l’autre et qui se situerait pour la France au niveau de 9%, il y aurait une certaine logique à demander des comptes à Pole Emploi pour ne pas avoir rendu accessible à tous le droit constitutionnel d’obtenir un emploi. Mais il est évident que les directives concernant la politique de Pole Emploi dépendent du sommet de l’Etat et que dans notre régime présidentiel c’est le chef de l’Etat qui fixe les règles.

Demandes envers l’Etat

Dans le droit pénal français la responsabilité de l’Etat ne saurait exister. Mais le droit français ne saurait être l’alpha et l’oméga.

Certains textes internationaux s’imposent aussi à la France de par la suprématie des traités internationaux sur le droit national.

Ce qui ne serait pas possible en s’appuyant sur des textes nationaux le devient en fonction de traités internationaux qui s’imposent à tous les Etats et donc aussi à la France. Il en est ainsi de la déclaration universelle des droits de l’homme et en particulier de l’article 23 qui énonce que

1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.

Si il existait pour le tribunal un doute sur le fondement juridique de ma démarche, j’en réfère à la Résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 16 décembre 2005 énonçant les Principes fondamentaux et directives concernant le droit à un recours et à réparation des victimes de violations flagrantes du droit international des droits de l’homme et de violations graves du droit international humanitaire.

Nous sommes davantage habitués à ce que des tribunaux se prononcent sur la violation de libertés fondamentales dans des dictatures telles que la privation de liberté, des déplacements de population, tortures…A partir du moment où le droit au travail fait partie des droits fondamentaux, à partir du moment où la Constitution Française a rendu encore plus explicite ce droit, rien ne s’oppose à ce que la justice française puisse se prononcer sur la violation d’un tel principe en conformité avec la résolution adoptée en décembre 2005 et qui

Affirme que • L’obligation de respecter, de faire respecter et d’appliquer le droit international des droits de l’homme et le droit international humanitaire, telle qu’elle est prévue dans les régimes juridiques pertinents, découle :

a) Des traités auxquels un État est partie ;

b) Du droit international coutumier ;

c) Du droit interne de chaque État.

Précise que . La réparation devrait être à la mesure de la gravité de la violation et du préjudice subi. Conformément à sa législation interne et à ses obligations juridiques internationales, l’État assure aux victimes la réparation des actes ou omissions qui peuvent lui être imputés et qui constituent des violations flagrantes du droit international des droits de l’homme ou des violations graves du droit international humanitaire.

Rien ne s’oppose à ce que le tribunal correctionnel, appelé à se prononcer sur une action qui visait à rappeler la violation d’une liberté fondamentale, examine mon recours visant l’indemnisation du préjudice subi par cette privation du droit d’obtenir un emploi. Si le tribunal, en application de l’immunité dont bénéficie Monsieur le Président de la République, ne peut se prononcer sur l’aspect répressif, par contre, dans l’esprit de la Résolution des Nations Unies pour qui la priorité consiste dans le soutien aux victimes, le tribunal pénal est tout désigné pour apprécier le montant de l’indemnisation que je demande.

Concernant le préjudice matériel qui consiste en l’indemnisation des années pendant lesquelles j’ai été contraint de vivre, moi et mes enfants, avec des ressources souvent inférieures aux minima sociaux et aussi pour les années de retraite qui se trouveront de fait dévalorisées, je demande 150 000 euros.

Concernant le préjudice moral et me basant sur la générosité de l’Etat français envers un individu qui aurait été privé temporairement d’une partie de ses biens, je demande le même montant de 45 millions d’euros.

Par ces motifs

Je demande au tribunal de

Me relaxer du chef d’accusation qui me vaut d’être présent devant le tribunal

Débouter Pole Emploi de ses demandes

Condamner Pole Emploi pour dénonciation calomnieuse à me verser à titre de dommages et intérêts la somme de 5 000 euros.

Condamner l’Etat pour violation de l’Alinéa 5 du Préambule de la Constitution Française et de l’article 23 de la déclaration universelle des droits de l’homme à me verser pour préjudice matériel la somme de 150 000 euros et pour préjudice moral la somme de 45 millions d’euros.