dimanche 24 novembre 2013

Une QPC pour rendre effectif le droit constitutionnel d'obtenir un emploi



Art. 61-1.- de la Constitution française 

Lorsque, à l'occasion d'une instance en cours devant une juridiction, il est soutenu qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit, le Conseil constitutionnel peut être saisi de cette question sur renvoi du Conseil d'État ou de la Cour de cassation qui se prononce dans un délai déterminé.




Question Prioritaire de Constitutionnalité

Dans le cadre du litige opposant

BOUTHEMY Jean Claude
Demandeur

            Contre
Le ministère public
Défendeur
           

Devant
LA COUR DE CASSATION


La Question Prioritaire de Constitutionnalité ci dessous a été présentée dans les mêmes termes devant les juges de la Cour d’Appel de Rennes qui l’ont rejetée dans l’arrêt 2013/1478 du 23 octobre 2013 :        Considérant que les questions prioritaires de constitutionnalité soulevées par M. Jean-Claude BOUTHEMY élèvent des contestations étrangères au fondement légal des poursuites diligentées contre lui ; qu’il n’y a pas lieu de les transmettre à la Cour de cassation ;
Le pourvoi enregistré au greffe de la Cour d’appel de Rennes concerne l’ensemble des dispositions.
Ce mémoire distinct et motivé soulève la Question Prioritaire de Constitutionnalité devant la Chambre Criminelle de la Cour de Cassation à l’occasion du pourvoi initié contre l’arrêt de la cour d’appel de Rennes dont une copie est jointe.



Disposition législative contestée :

La jurisprudence du Conseil Constitutionnel a étendu la notion de disposition législative à l’absence de disposition législative.
Cette jurisprudence s’inscrit dans l’esprit de la loi instituant la QPC. C’est ainsi que dans le Projet de loi organique relatif à l'application de l'article 61-1 de la Constitution parmi Les normes constitutionnelles susceptibles d'être invoquées figure  la carence du législateur à mettre en oeuvre une exigence constitutionnelle : Devrait pouvoir être invoqué le manquement à l'obligation faite à la loi d'assurer les garanties légales des exigences constitutionnelles dès lors que sont en cause les libertés et droits fondamentaux.

Dans sa décision n° 2013-336 QPC du 01 août 2013, le Conseil Constitutionnel a rappelé ce principe en considérant que la méconnaissance par le législateur de sa propre compétence peut être invoquée à l'appui d'une question prioritaire de constitutionnalité dans le cas où cette méconnaissance affecte par elle-même un droit ou une liberté que la Constitution garantit

Marc GUILLAUME, Secrétaire général du Conseil constitutionnel dans les Cahiers du Conseil constitutionnel n° 29 d’octobre 2010 (Dossier : La Question Prioritaire de Constitutionnalité), constatait qu’Un premier cas n'a pas encore été soumis au Conseil constitutionnel. C'est celui dans lequel serait soulevée la question du manquement à l'obligation faite à la loi de ne pas priver de garanties légales des exigences constitutionnelles. Un second cas lui a en revanche déjà été soumis. C'est celui de l'incompétence négative du législateur.
Nous nous trouvons exactement dans cette situation dans laquelle l’absence de disposition législative prive d’existence le droit constitutionnel d’obtenir un emploi inscrit à l’Alinéa 5 du Préambule de 1946, intégré au préambule de 1958.
Les conséquences de cette absence de disposition législative peuvent se constater chaque jour au nombre de personnes privées d’emploi. La justice administrative a jugé que l’absence de disposition législative concernant le droit d’obtenir un emploi l’empêchait de se prononcer sur une demande d’indemnisation pour privation du droit d’obtenir un emploi.

C’est cette absence de disposition législative concernant le droit d’obtenir un emploi qui justifie le dépôt d’une QPC.




Normes Constitutionnelles invoquées :

                        1          -Constitution française            
           
                                                           - Alinéa 5 du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946. Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi
                                                          
                        2          -Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, 26 août 1789

                                                           -Article 6 La Loi est l’expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation…
                                                           -Article 16 Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution.

                        2          -Convention européenne des droits de l'homme

                                                           -Article 6 Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial, établi par la loi, qui décidera, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.


Question Prioritaire de Constitutionnalité

L’absence de disposition législative rendant effectif pour chacun le droit d’obtenir un emploi est-elle contraire aux droits et libertés garantis par la Constitution et en particulier l’alinéa 5 du Préambule qui dispose que Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi ?

L’absence de disposition législative apportant des précisions suffisantes sur l’application effective du droit constitutionnel d’obtenir un emploi inscrit à l’alinéa 5 du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, dans la mesure où cette absence de disposition législative n’a pas permis à la justice administrative de se prononcer sur mes demandes d’indemnisation pour avoir été privé d’emploi, en l’absence de tout moyen tiré de la violation de dispositions législatives ayant pour objet d’en assurer l’application, est elle contraire aux droits et libertés garantis par la Constitution et en particulier l’article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme qui stipule que Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue???



Juridiction saisie :  Cour de cassation

                        Le 10 novembre 2011, au greffe du tribunal d’instance de Rennes, je faisais appel d’un jugement du tribunal correctionnel de Rennes qui le jour même m’avait condamné pour avoir revendiqué le droit constitutionnel d’obtenir un emploi en inscrivant sur un mur privé : ALINEA 5 un EMPLOI pour CHACUN.
                        L’audience devant la chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Rennes était fixée au mercredi 25 septembre 2013.
                        Le 23 octobre 2013, j’étais débouté de toutes mes demandes par les juges de la cour d’appel de Rennes.
                        Le 25 octobre 2013, je déclarais me pourvoir en cassation auprès du greffe de la cour d’appel de Rennes.                       


Un équilibre nécessaire au bon fonctionnement des institutions.

Une absence de disposition législative rendant effectif le droit constitutionnel d’obtenir un emploi aboutit à nier ce droit.
Il appartient au législateur de garantir les droits et libertés contenus dans la Constitution.
Ceci est indispensable pour le citoyen qui est supposé bénéficier de tous les droits inscrits dans la Constitution en contrepartie des devoirs inscrits dans cette même Constitution.
Dans de nombreuses décisions, le Conseil Constitutionnel a jugé que le législateur ne pouvait s’exonérer des obligations inhérentes à sa fonction.
Indispensable pour une harmonie au sein des divers pouvoirs qui assurent la cohésion de notre société.
Indispensable pour que la justice puisse répondre aux demandes des citoyens.
Indispensable pour que la justice puisse se prononcer sans avoir à se substituer au législateur.
Indispensable pour que la volonté du peuple par l’intermédiaire de ses élus, puisse être entendue.
Indispensable pour que l’exécutif ait comme priorité d’œuvrer  pour répondre à la volonté du peuple exprimée dans les lois votées par ses représentants.

Indispensable pour répondre aux exigences de l’article 16 des droits de l’homme


Critères de recevabilité
           
                        L’article 23-5 de l’Ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le Conseil constitutionnel dispose que Le Conseil constitutionnel est saisi de la question prioritaire de constitutionnalité dès lors que les conditions prévues aux 1° et 2° de l'article 23-2 sont remplies et que la question est nouvelle ou présente un caractère sérieux.
L’article 23-2 de l’Ordonnance est ainsi rédigé :La juridiction statue sans délai par une décision motivée sur la transmission de la question prioritaire de constitutionnalité au Conseil d'Etat ou à la Cour de cassation. Il est procédé à cette transmission si les conditions suivantes sont remplies :
1° La disposition contestée est applicable au litige ou à la procédure, ou constitue le fondement des poursuites ;
2° Elle n'a pas déjà été déclarée conforme à la Constitution dans les motifs et le dispositif d'une décision du Conseil constitutionnel, sauf changement des circonstances ;
3° La question n'est pas dépourvue de caractère sérieux.

1                      La disposition législative critiquée est applicable au litige et constitue le fondement des poursuites


ALINEA 5 un EMPLOI pour CHACUN

Tel était le message que j’avais inscrit le 28 septembre 2008 sur le mur d’un batiment qui abritait les services de l’ANPE de Fougères.
Un message qui se voulait explicite par rapport à ma situation de demandeur d’emploi.
Un message qui faisait suite à d’autres actions pacifiques qui visaient toutes à essayer de rendre effectif le droit d’obtenir un emploi.

            C’est l’absence d’une disposition législative ayant pour objet d’en assurer l’application qui m’a amené à revendiquer publiquement ce droit constitutionnel et qui m’a valu d’être poursuivi par la justice. Mon système de défense s’est toujours appuyé sur l’état de nécessité inscrit à l’article 122-7 du code pénal.


            Je dois reconnaître que les juges du fond ont toujours rejeté cet argument…comme si ils n’accordaient aucun crédit au droit constitutionnel d’obtenir un emploi.

C’est ainsi que dans son jugement du 10-11-2011, le tribunal correctionnel de rennes avait jugé que l’état de nécessité qu’il invoque n’est pas caractérisé, faute d’établir que l’acte de dégradation réalisé serait indispensable pour sauvegarder un intérêt supérieur.
Pour refuser de transmettre ma demande de QPC, les juges de la Cour d’Appel de Rennes considèrent que les questions prioritaires de constitutionnalité soulevées par M. Jean-Claude BOUTHEMY élèvent des contestations étrangères au fondement légal des poursuites diligentées contre lui ; qu’il n’y a pas lieu de les transmettre à la Cour de cassation ;

Pourtant, le droit constitutionnel inscrit à l’alinéa 5 du Préambule de la Constitution Française, a toujours été au coeur de l’action qui m’a valu d’être poursuivi et condamné par la justice.
Parmi ces actions, il y avait eu la saisine du tribunal administratif visant à faire condamner l’Etat pour défaillance à rendre effectif un droit fondamental. La Cour d’Appel administrative de Nantes motivant le rejet de ma demande par l'absence de précision suffisante des dispositions législatives encadrant ce droit…


Qu’aurait-il fallu que je fasse de plus pour apporter la preuve que c’était l’absence de disposition législative permettant à chacun d’obtenir un emploi qui m’avait amené à revendiquer publiquement ce droit, qui m’avait valu d’être poursuivi par la justice et qui m’avait valu d’être condamné en première instance ainsi qu’en appel ???

Dans la convocation devant le tribunal correctionnel de Rennes, délivrée par le Parquet du tribunal de grande instance de Rennes, l’infraction qui me vaut d’être poursuivi est ainsi rédigée : Avons informé l’intéressé qu’il lui est reproché :
Natinf :80
d’avoir à 5 rue de la landronnière commune de FOUGERES 35300, le 28/09/2008 entre 10 heures et 10 heures 15, en tout cas sur le territoire national et depuis temps n’emportant pas prescription, commis l’infraction suivante dégradation ou détérioration d’un monument ou objet d’utilité publique en l’espèce : un batiment de l’ANPE au moyen de tags dont le contenu est « ALINEA 5 UN EMPLOI POUR CHACUN »

Prévu(e) par :ART.322-2 1°, ART 322-1 AL.1 C.PENAL.
Réprimé(e) par :ART.322-2, ART.322-15 C.PENAL.



Même un non juriste aura fait le rapprochement avec l’Alinéa 5 du préambule de la Constitution qui dispose que Chacun a…le droit d’obtenir un emploi.
            Si ce droit avait été effectif pour chacun, si je ne m’étais pas trouvé depuis si longtemps au chomage, je n’aurais jamais revendiqué publiquement ce droit.
            En revendiquant de manière publique ce droit, c’est l’absence de disposition législative rendant effectif ce droit constitutionnel inscrit à l’alinéa 5 du préambule de la Constitution que je dénonçais rejoignant ainsi l’un des critères de recevabilité recensé par la  cour de cassation  dans son rapport 2012 portant sur l’Examen des questions prioritaires de constitutionnalité et qui reconnait qu’Il est désormais admis que l’imprécision ou le silence de la loi peut porter atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit.

           
            Il me semble que de soumettre au Conseil Constitutionnel une QPC sur la portée effective de ce droit est indispensable pour une « bonne justice ».
            En l’absence de texte législatif rendant effectif ce droit inscrit dans la Constitution, les juges ignorent ce droit. Ne pouvant se substituer au législateur, les juges enfreignent cependant l’article 16 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 en privant le justiciable d’un droit fondamental et en se privant du même coup de toute compétence octroyée par la Constitution.


2                      La disposition législative critiquée n'a pas déjà été déclarée conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel.

            Dans la mesure où il s’agit d’une absence de disposition législative qui est considérée comme portant atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit, il est logique d’en déduire que ce critère de recevabilité est rempli.


           
3                      La question n'est pas dépourvue de caractère sérieux..

                        Une fois écartés les moyens fantaisistes ou dilatoires, quels sont les critères pour apprécier le caractère sérieux d’une QPC et en particulier de celle-ci ?

1          Lorsque nous constatons que des millions de nos concitoyens se retrouvent au chomage alors que la Constitution à l’Alinéa 5 du préambule annonce que « Chacun…a le droit d’obtenir un emploi », chacun est en droit de se dire qu’il existe un dysfonctionnement dans l’application de ce droit…
2          Lorsque la justice administrative se retranche derrière l’absence de précision concernant le droit constitutionnel d’obtenir un emploi, nous pouvons soit la louer pour ne pas se substituer au législateur, soit reconnaître qu’il existe peut être un dysfonctionnement dans nos institutions…
 3         Le Conseil Constitutionnel dans sa décision n° 2013-336 QPC du 01 août 2013, en ce qui concerne le grief tiré de la méconnaissance par le législateur de l'étendue de sa compétence a réaffirmé : que la méconnaissance par le législateur de sa propre compétence peut être invoquée à l'appui d'une question prioritaire de constitutionnalité dans le cas où cette méconnaissance affecte par elle-même un droit ou une liberté que la Constitution garantit . 
A partir du moment où le droit du travail, en application de l’article 34 de la Constitution relève de la loi et que la Constitution elle-même affirme que « Chacun a le droit d’obtenir un emploi », on peut supposer que le législateur n’a pas usé de toute sa compétence pour rendre effectif ce droit.


Parmi les objectifs visés par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008 créant l'article 61-1 de la Constitution, celui de permettre aux citoyens de faire valoir les droits qu’ils tirent de la Constitution est au cœur de cette réforme. Nous sommes exactement dans cette configuration où la Constitution permet à chacun d’obtenir un emploi alors que les chomeurs se comptent par millions.
            Il ne fait aucun doute que si le droit d’obtenir un emploi a été inscrit dans la Constitution, ce n’est certainement pas pour le considérer comme un simple objectif à atteindre mais bien parce qu’il s’inscrit parmi les principes particulièrement nécessaires à notre temps, et dont l’absence, avec son lot de chomeurs, était considérée comme l’une des causes de la deuxième guerre mondiale.
Pour preuve le fait que ce droit d’obtenir un emploi est étroitement associé au devoir de travailler dont il est la contrepartie logique dans la mesure où on ne saurait contraindre un individu à travailler sans lui donner les conditions de remplir ce devoir. Le droit d’obtenir un emploi relève des obligations de la collectivité alors que le devoir de travailler relève des obligations de l’individu.
Ce n’est pas parce que la collectivité a renoncé à rendre effectif le devoir de travailler que cela entraine automatiquement l’abandon des devoirs de la collectivité envers le citoyen qui réclame le droit d’obtenir un emploi.
Lorsque l’on sait que pour la majorité des individus qui ne bénéficient pas d’une fortune personnelle ou familiale, le travail demeure la seule façon honnête de bénéficier de revenus et en même temps des autres droits inscrits dans la Constitution, on peut comprendre l’importance de rendre effectif un tel droit.
           



La question est nouvelle

Dans sa décision n° 2009-595 DC du 03 décembre 2009 concernant la Loi organique relative à l'application de l'article 61-1 de la Constitution, le Conseil Constitutionnel a jugé dans son considérant 21 que la dernière phrase du premier alinéa de l'article 23-4 et la dernière phrase du troisième alinéa de l'article 23-5 prévoient que le Conseil constitutionnel est saisi de la question prioritaire de constitutionnalité si " la question est nouvelle " ; que le législateur organique a entendu, par l'ajout de ce critère, imposer que le Conseil constitutionnel soit saisi de l'interprétation de toute disposition constitutionnelle dont il n'a pas encore eu l'occasion de faire application …
Dans le commentaire de cette décision publié dans Les Cahiers du Conseil constitutionnel, on peut lire que Le Conseil a estimé que ce critère ne s’apprécie pas au regard de la disposition législative contestée (sinon, toute disposition qui n’a pas déjà été examinée par le Conseil constitutionnel serait toujours nouvelle), mais de la disposition constitutionnelle à laquelle elle est confrontée. Il a donc estimé que toute question de constitutionnalité invoquant une norme constitutionnelle que le Conseil constitutionnel n’a jamais eu à interpréter devait être qualifiée de «nouvelle».
Cette jurisprudence rejoint l’esprit des initiateurs de la QPC tel qu’il figure dans le Rapport n° 637 (2008-2009) de M. Hugues PORTELLI, fait au nom de la commission des lois, déposé le 29 septembre 2009. On peut lire au chapitre consacré à la carence du législateur à mettre en oeuvre une exigence constitutionnelle que Devrait pouvoir être invoqué le manquement à l'obligation faite à la loi d'assurer les garanties légales des exigences constitutionnelles dès lors que sont en cause les libertés et droits fondamentaux.

On retrouve de la part de la Cour de Cassation, cette même obligation de soumettre toute QPC au Conseil Constitutionnel portant sur une disposition constitutionnelle dont il n’a pas encore eu l’occasion de faire application.
C’est dire l’importance du critère de nouveauté visant à apurer le retard du Conseil Constitutionnel dans l’interprétation de toutes les normes constitutionnelles…

Jamais le Conseil Constitutionnel ne s’est penché directement sur le droit d’obtenir un emploi inscrit à l’Alinéa 5 du Préambule et sur son application effective.
La transmission de cette QPC au Conseil Constitutionnel s’impose.

.
Les droits et libertés garantis

1          Le droit d’obtenir un emploi

L’Alinéa 5 du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 est ainsi rédigé : Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi.

« Pour que le Conseil constitutionnel censure une disposition pour incompétence négative, deux conditions doivent donc être réunies.
D’une part, le législateur n’a pas pleinement exercé la compétence que lui attribue la Constitution. Il a donc laissé aux autorités administratives ou judiciaires le soin de définir des règles qui, en vertu de la Constitution, relèvent de la loi.
D’autre part, un droit ou une liberté que la Constitution garantit est affecté par cette incompétence négative. » (Commentaire de la décision n° 2010-45 QPC du 06 octobre 2010 dans les Cahiers du Conseil constitutionnel, Cahier n° 30).
Nous nous trouvons exactement dans cette configuration.
D’une part le législateur a totalement ignoré le droit d’obtenir un emploi inscrit à l’Alinéa 5 du Préambule de la Constitution.
D’autre part cette incompétence négative du législateur aboutit à priver les citoyens du droit octroyé à l’alinéa 5 avec des conséquences graves pour les individus mais aussi pour l’ensemble de la société.
           
2          La violation de la Constitution

L’article 16 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 est ainsi rédigé : Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution.
            Lorsqu’un droit inscrit dans la Constitution n’a aucune application effective pour les citoyens du fait que le législateur n’a jamais exercé sa compétence de prendre les dispositions pour rendre effectif ce droit, cela équivaut à priver la population d’un droit constitutionnel et entre en contradiction avec les principes énoncés à l’article 16 de la Déclaration des Droits de l’Homme.


3          le droit à ce que ma cause soit entendue

            l’article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme est ainsi rédigé :Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial, établi par la loi, qui décidera, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.

Dans sa décision n° 2013-336 QPC du 01 août 2013, le Conseil Constitutionnel a considéré qu'en vertu de l'article 34 de la Constitution, la loi détermine les principes fondamentaux des obligations civiles et commerciales ; qu'il incombe au législateur d'exercer pleinement la compétence que lui confie la Constitution et, en particulier, son article 34 ; que le plein exercice de cette compétence ainsi que l'objectif de valeur constitutionnelle d'accessibilité et d'intelligibilité de la loi, qui découle des articles 4, 5, 6 et 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, lui imposent d'adopter des dispositions suffisamment précises et des formules non équivoques ; qu'il doit en effet prémunir les sujets de droit contre une interprétation contraire à la Constitution ou contre le risque d'arbitraire, sans reporter sur des autorités administratives ou juridictionnelles le soin de fixer des règles dont la détermination n'a été confiée par la Constitution qu'à la loi ;

            Dans sa décision du 24 janvier 2006, le tribunal administratif de Rennes avait jugé « Considérant qu’aux termes du préambule de la constitution du 4 octobre 1958 : « Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946 » ; que si, en vertu du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 auquel se réfère le préambule de la Constitution du 4 octobre 1958 « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi », le principe ainsi posé et confirmé, comme le rappelle le requérant, par le Conseil Constitutionnel, ne saurait à lui seul servir de base à une action contentieuse en indemnité en l’absence de tout moyen invoqué par le requérant et tiré de la violation de dispositions législatives ou réglementaires ayant pour objet d’en assurer l’application ; que si M. BOUTHEMY soutient qu’il a fait l’objet de mesures discriminatoires l’ayant empêché de trouver un emploi, il n’apporte à l’appui de ses allégations aucun commencement de preuve de nature à en établir le bien-fondé ; que, par suite, les conclusions de M. BOUTHEMY, tendant à la condamnation de l’Etat à lui verser la somme de 150 000 euros en réparation de son préjudice, ne peuvent qu’être rejetées ; »
            Ce jugement apporte la preuve qu’en l’absence de dispositions législatives ou réglementaires ayant pour objet d’assurer l’application du droit d’obtenir un emploi, le tribunal ne peut répondre à mon action contentieuse en indemnité.
           
            Ainsi est démontré le fait que l’absence de disposition législative m’a empêché d’obtenir satisfaction dans mon action contentieuse pour réparer le fait de n’avoir pu bénéficier du droit constitutionnel d’obtenir un emploi.
            Je peux donc affirmer que ma cause n’a pu être entendue pour absence de disposition législative, en violation de l’article 6 de la CEDH.




Par ces motifs

Ayant démontré que l’absence de disposition législative ne permettait pas de rendre effectif le droit d’obtenir un emploi inscrit à l’alinéa 5 du Préambule.

Ayant démontré que l’inscription qui m’est reproché n’avait d’autre but que de revendiquer le droit constitutionnel d’obtenir un emploi.

Ayant démontré que cette absence de disposition législative privait de garanties légales les exigences constitutionnelles d’obtenir un emploi et de voir sa cause entendue.



Je demande aux juges de la Cour de Cassation de transmettre la Question Prioritaire de Constitutionnalité au Conseil Constitutionnel en application de l’article 23-5 de l’Ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958.







Le 14/11/2013                                                                       BOUTHEMY



1 commentaire:

  1. La connaissance des textes qui régissent cette activité est fondamentale. Atangana Eteme Emeran est un consultant expérimenté et fortement qualifié doué d’une bonne connaissance du droit camerounais, dans ses divers compartiments : droits de l'homme, droit de la consommation, droit des personnes et de la famille, droit administratif.Droit constitutionnel

    RépondreSupprimer